Education nationale : 1.800 ou 2.600 suppressions de postes ? Le tour de passe-passe de Jean-Michel Blanquer

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Le ministre de l'Education nationale plaide pour un "rééquilibrage" entre les effectifs du primaire et ceux du secondaire. © Eric FEFERBERG / AFP
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Virginie Salmen, édité par Romain David , modifié à
Une petite "manipulation comptable" a permis à Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale, de n'annoncer que 1.800 suppressions de postes pour 2019, quand en vérité ce sont 2.600 postes du secondaire qui vont disparaître.

Le chiffre est tombé comme un couperet. Le gouvernement a annoncé dimanche la suppression de 1.800 postes dans l'Education nationale pour 2019. Finalement, il s'agira très probablement du double si l'on se penche d'un peu plus près sur le calcul de l'exécutif. Avec cette annonce, le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a opéré un tour de passe-passe qui n'a pas manqué d'indigner les syndicats d'enseignants.

Créations et suppressions. Si le ministre a dit et répété le chiffre de 1.800 suppressions de postes, il a toutefois omis de préciser qu'il s'agissait, en réalité, non pas du nombre total de postes supprimés, mais du solde, soit de la différence entre les créations et les suppressions. En effet, les recrutements en plus qui sont prévus dans le primaire permettent au ministère de jouer sur les chiffres pour contrebalancer les coupes annoncées chez les professeurs du collège et du lycée.

Or, à quelques jours de la présentation du budget, les chiffres se précisent, et ce sont finalement 2.600 postes d'enseignants du secondaire qui sont appelés à disparaître, et pas 1.800 comme initialement annoncé. Au total, ce sont même 3.200 emplois dans l'Education nationale qui vont être supprimés si l'on prend également en compte les coupes pratiquées dans le privé.

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Un "rééquilibrage" qui agace. Suivant la logique qui le guide, Jean-Michel Blanquer l'explique clairement : il s'agit, selon lui, du "grand rééquilibrage que tout le monde réclame entre le primaire et le secondaire", et qui n'a jamais été fait.

Le SNES, le principal syndicat chez les profs, ne l'entend pas vraiment de cette oreille et parle de "dissimulation", de "méthodes héritées des années Sarkozy", un mandat qui a laissé un souvenir traumatique pour les enseignants qui avaient alors assisté à la suppression de 80.000 postes, avant que François Hollande n'en recrée 60.000. Le syndicat réfléchit déjà à une "riposte rapide", avec des appels à la grève d'ici les vacances de la Toussaint.