Édouard Stern, le banquier retrouvé mort dans une combinaison en latex

L'interphone de la porte d'entrée de l'immeuble ou habitait le banquier Edouard Stern.
L'interphone de la porte d'entrée de l'immeuble ou habitait le banquier Edouard Stern. © AFP
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Guillaume Perrodeau
Christophe Hondelatte raconte mardi l'affaire Édouard Stern. En 2005, le meurtre de ce très riche banquier dans des circonstances particulières avait défrayé la chronique.

Le 1er mars 2005, Édouard Stern est retrouvé mort à son domicile, mais pas dans n'importe quelles circonstances. Il est en effet habillé d'une combinaison de latex sadomasochiste. Bien vite derrière le banquier, la presse va découvrir un tout autre homme.

38e fortune de France

Édouard Stern n'est pas n'importe qui. En 2005, il est classé 38e fortune de France. Cet héritier, qui a grandi dans un hôtel particulier au pied de la Tour Eiffel, est d'ailleurs surnommé "le banquier de Sarkozy", en raison de sa proximité avec celui qui deviendra président de la République. Le 1er mars au matin, Édouard Stern ne se présente pas au travail. Chose rare pour ce banquier d'affaires toujours à l'heure.

Inquiets, ses collaborateurs, qui n'arrivent pas à le joindre, se rendent à son domicile. C'est la femme de ménage, qui possède les clés, qui permet aux collaborateurs d'entrer dans l'appartement. Dans la chambre, le petit groupe fait une terrible découverte. Édouard Stern gît au pied du lit, mort. Il a été tué. En plus du corps, la tenue interpelle : Édouard Stern est habillé d'une combinaison de latex noir, des pieds à la tête. Le genre de tenue que l'on utilise dans les soirées sadomasochistes. 

La piste privée

C'est cette combinaison qui oriente les policiers vers un crime d'ordre privé. Édouard Stern a été tué de quatre balles de pistolet. Ils remontent vite jusqu'à la piste de Cécile Brossard. Sa maîtresse devenue sa compagne. Une femme dont on dit qu'elle organise des soirées libertines avec certains couples. En creusant un peu plus, les policiers découvrent que c'est elle qui a initié Édouard Stern au sadomasochisme.

Lorsque les autorités interrogent Cécile Brossard, cette dernière confie avoir vu Édouard Stern le 28 mars, mais il était déjà mort assure-t-elle. De peur qu'on l'accuse, elle a pris la fuite. "Il était criblé de coups de feu", lâche-t-elle. Une déclaration lourde de conséquences. En effet, sous le coup de la chaleur, les trous de la combinaison de latex se sont rebouchés après les coups de feu. C'est seulement à la morgue que l'on a découvert qu'Édouard Stern était mort par arme à feu. Cécile Brossard n'a donc pas pu constater cela d'elle-même. Les policiers lui font remarquer. Elle craque.

"Un million de dollars, c’est cher payé pour une pute"

Mais alors pourquoi a-t-elle tué Édouard Stern ? Depuis le début, les deux personnes entretenaient une relation houleuse. Cécile Brossard a même voulu quitter Édouard Stern, mais il ne pouvait s'y résoudre. Il lui a alors promis un mariage et un million de dollars, en gage d'indépendance. Sauf que le banquier a changé d'avis et a voulu récupérer l'argent. Devant le refus de Cécile Brossard, il a fait placer la somme sous séquestre de justice, en la menaçant de procès. C'est pour cette raison que le 28 février, elle se rend chez lui, bien décidée à s'expliquer.

Édouard Stern croit pouvoir régler la situation par le sexe. Il s'habille donc en circonstance et, alors qu'ils sont en plein jeux sexuel, il lâche une phrase qui va faire basculer Cécile Brossard : "Un million de dollars, c’est cher payé pour une pute". Une phrase qu'elle n'a pas supporté, pas accepté, comme elle l'explique aux policiers. Édouard Stern était alors attaché à une chaise. Elle est allée prendre un de ses pistolets puis est revenue vers lui et a tiré à quatre reprises.

Huit ans et demi de prison

Du sexe, de l'argent, l'amour, une relation tumultueuse : l'affaire Stern a tout pour défrayer la chronique, notamment lors du procès. Pourtant, par un accord tacite, le clan Stern et le clan Brossard s'accordent pour ne pas rentrer dans les détails de la vie intime du banquier. Pendant le procès, les messages, pratiques et lettres d'Édouard Stern ne seront pas détaillés. Aucune circonstance atténuante n'est retenue lors du verdict mais Cécile Brossard est "seulement" condamnée à huit ans et demi de prison. Aujourd'hui, elle est libre et a promis de ne jamais s'exprimer sur l'affaire.