David Gourion est psychiatre et docteur en neurosciences et l'auteur de "La fragilité psychique des jeunes adultes".
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G.P.
David Gourion, psychiatre et docteur en neurosciences, était l'invité de Marion Ruggieri dans "Il n'y en a pas deux comme elle" mercredi pour parler de la souffrance psychique des jeunes.

Dans son ouvrage La fragilité psychique des jeunes adultes, le psychiatre et docteur en neurosciences David Gourion explique que 80% des troubles psychiques débutent entre douze et 25 ans et qu'un jeune sur quatre est en situation de mal-être psychique. Il était l'invité de Marion Ruggieri dans "Il n'y en a pas deux comme elle" mercredi après-midi pour évoquer cette "épidémie silencieuse". "Il y a peu de temps je recevais un jeune de 17 ans qui avait fait une tentative de suicide grave. Le père me disait : 'Mais comment peut-on avoir envie de mourir à 17 ans ?' ", confie David Gourion. "À ces âges-là, ce n’est pas toléré par la société de ne pas aller bien. On considère qu’un adolescent ou un jeune adulte n’a pas le droit d’aller mal".

Entre 10.000 et 11.000 suicides par an chez les jeunes. Au quotidien, David Gourion déplore que "la souffrance psychique chez les jeunes n'est pas tellement prise au sérieux" et il dresse un constat inquiétant : "Le suicide est en train de devenir la première cause de mortalité chez les jeunes, avec les accidents de la route". Pour les drames de la circulation, beaucoup de choses ont été faites et le nombre de morts sur la route a considérablement baissé en 30 ans. Mais pour le suicide, "il y en avait 8.000 en 1980 et entre 10.000 et 11.000 aujourd'hui alors que ce sont des morts évitables".

Le bon diagnostic. Pour régler le problème au plus vite, un diagnostic rapide est nécessaire. Le docteur en neurosciences donne ainsi plusieurs critères pour repérer un trouble psychique chez les personnes jeunes. "Un jeune qui s’isole alors qu’il était sociable, qui arrête une activité de loisir, qui a un fléchissement scolaire, qui est triste" et ce, de manière continue "sur plusieurs mois ou plusieurs semaines", est un comportement qui ne témoigne pas d'une crise d'adolescence, mais bien d'un mal-être.

Des solutions simples. Des habitudes faciles à prendre peuvent permettre d'endiguer le phénomène. "Lorsqu'on est jeune, on peut aller très mal, mais c’est aussi une période où les choses sont très dynamiques et peuvent aller très vite", indique David Gourion. "J'ai déjà vu des jeunes qui allaient très mal à 19 ans, avec des projets suicidaires inquiétants, et qui deux ans plus tard se portaient très bien". Le psychiatre propose ainsi plusieurs attitudes à prendre : dormir 8h par nuit de façon régulière, éviter d'être seul, apprendre à maîtriser ses émotions, faire du sport ou encore "lâcher du lest". Sur ce dernier point, la journaliste Florence Servan-Schreiber expliquait mardi après-midi sur Europe 1, à quel point le procrastinage pouvait faire du bien.