Ils n'avaient pas comparu devant la cour d'assises depuis dix ans et leur condamnation à perpétuité, à Charleville-Mézières, pour le meurtre de sept jeunes filles. Michel Fourniret et son ex-femme Monique Olivier sont jugés à Versailles depuis mardi pour le meurtre de Farida Hammiche.
Un meurtre vieux de 30 ans. En 1988, cette femme, compagne d'un ancien codétenu de "l'ogre des Ardennes", le guide sur les traces des 20 kilos d'or en lingots, cachés dans une caisse à outils dans un cimetière du Val-d'Oise, par le "gang des postiches". Mais une fois le magot déterré, Michel Fourniret décide d'accaparer l'ensemble du butin et de tuer la jeune femme, devenue un témoin gênant. Il s'agit du seul meurtre atypique et crapuleux du tueur.
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Il impute la responsabilité de ses crimes à sa première femme. Trente ans plus tard, dans le box, Michel Fourniret et Monique Olivier apparaissent vieillis. Lui est un peu sourd, elle a les traits creusés. Mais dès qu'ils parlent, ce sont bien les mêmes. Michel Fourniret a conservé ses tournures de phrases alambiquées - "Lorsqu'il s'agit d'actes inexcusables, rien n'est à dire", a-t-il ainsi indiqué -, cette façon de jouer avec le silence dans la salle ou d'affronter les questions d'un avocat de la partie civile, une vieille connaissance. Cela a donné lieu aux premiers éclats de voix, mardi matin, révélant la violence rentrée de l'accusé. Ce dernier a de nouveau expliqué son parcours criminel par le traumatisme causé chez lui par le fait que sa première femme n'était pas vierge lorsqu'il l'a épousée.
"C'est comme un obus explosif dans votre tête". Interrogé sur sa première relation amoureuse par Didier Seban, avocat notamment de Jean-Pierre Hellegouarch, le veuf de Farida Hammiche, Michel Fourniret a répété les explications données lors des enquêtes. Selon ses aveux de l'époque, il "devait chasser au moins deux vierges par an", une obsession née du fait que sa première femme, qu'il pensait vierge, ne l'était pas au moment de leur mariage. "Si je n'avais pas épousé une femme qui manquait un peu d'inexpérience, ça ne serait pas arrivé", a-t-il froidement répété, avant de poursuivre à la troisième personne.
"Mettez-vous dans la peau d'un gamin puis d'un adolescent qui fait l'armée, ne sort pas en permission, lit, écrit beaucoup, et qui arrive au mariage pas peu fier de se marier puceau", a-t-il asséné, bras croisés, fixant l'avocat dans les yeux. "Ce type-là, ce connard, épouse puceau une dame de 7 ans, 3 mois et 18 jours son aînée, mais qui manquait par trop d'inexpérience", s'est-il emporté.
Cette réalité, "c'est comme un obus explosif dans votre tête. Pigé, mec ?", a-t-il lancé à Me Seban, élevant subitement la voix. "Je pige", lui a tranquillement rétorqué l'avocat.
Il dit aller bien, physiquement et moralement. Condamné en 2008 à perpétuité pour le meurtre de sept jeunes filles ou femmes, Fourniret a qualifié cette condamnation de "pas totalement infondée". Concernant sa santé, il a indiqué que "physiquement ça va, moralement, ça peut aller". "Il est exact que je ne suis pas handicapé par une grande maladie", a-t-il ajouté. Il a toutefois régulièrement évoqué ses problèmes d'audition et une mémoire en partie défaillante au cours de cette première matinée d'audience.
L'endroit où a été dissimulé le corps encore inconnu. Les experts qui ont récemment rencontré le couple sont unanimes. "Malgré son âge" de 76 ans, écrit l'un deux, "Michel Fourniret a une dangerosité criminelle intacte. Quant à Monique Olivier, elle n'a pas de remords mais un sentiment de honte." Face à eux, l'époux de Farida Hammiche les fixe intensément. Trente ans après, il espère obtenir du couple qu'il révèle enfin l'endroit où a été dissimulé le corps.