Jacqueline a peu de nouvelles de sa famille : "Plus personne ne s’intéresse à moi"

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Léa Beaudufe-Hamelin
Depuis le début du confinement, les enfants de Jacqueline ne l’appellent pas et ne prennent pas de ses nouvelles. Pourtant elle les aide en s’occupant souvent de ses petits-enfants. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Jacqueline se confie à Olivier Delacroix à propos de ce manque de nouvelles. 
TÉMOIGNAGE

Jacqueline a trois enfants et huit petits-enfants dont elle s’occupe beaucoup. Mais depuis le début de confinement, Jacqueline constate que ses enfants ne l’appellent pas pour prendre de ses nouvelles. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Jacqueline s’attriste de ce manque de nouvelles et raconte à Olivier Delacroix comment les relations entre ses enfants se sont dégradées à cause de jalousies.

"J’ai presque 76 ans. J’ai trois enfants et huit petits-enfants dont je m’occupe beaucoup, huit à dix semaines par an. Depuis le confinement, plus aucun coup de fil de mes enfants. Eux sont en famille et moi je suis toute seule. Pour moi, le confinement se fait dans des conditions très confortables, je n’ai pas à me plaindre. Mais plus personne ne s’intéresse à moi pour me dire un petit bonjour ou me demander si j’ai besoin de quelque chose.

Un de mes enfants a 52 ans et deux ont 46 ans. Ils me confient leurs enfants pour toutes les vacances. Ils ont eu des enfants tard, donc j’ai des petits-enfants jeunes. On communique différemment les uns avec les autres. Je ne suis pas dépendante d’eux puisque c’est moi qui les dépanne. C’est un vrai bonheur pour moi de m’occuper de mes petits-enfants. Mais là, très bizarrement, plus personne ne s’intéresse à moi.

" Si j’étais en Ehpad, je serais toute seule "

Au début plus personne ne se parlait, alors j’ai mis en place des apéros. Deux fois par semaine, on s’appelle au moment du repas et on parle pendant deux heures. Puis chacun repart chez soi. Mes petits-enfants ne me téléphonent pas, mes enfants ne m’appellent pas pour me demander de mes nouvelles. Eux sont en famille, ils se parlent à longueur de journée. Moi je suis toute seule. Mais quand même, je m’occupe de ces enfants en permanence.

Je me dis que si j’étais en Ehpad, je serais toute seule. J’ai perdu mon mari il y a 23 ans, donc je suis le seul grand-parent du côté de mes filles. Du côté des compagnons de mes filles, aucun des grands-parents ne s’occupe de mes petits-enfants, c’étaient de mauvais parents maltraitants. Je suis la seule à m’occuper des petits-enfants et je ne suis au courant de rien. On me demande simplement de garder les enfants.

C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les choses ont commencé à se gâter quand j’ai eu mes deux premiers petits-enfants. J’ai une fille qui habite loin et une autre qui habite à proximité. Celle qui habite loin pensait que j’avais une préférence pour celle qui habitait près de chez moi. Je lui expliquais que ma porte est ouverte à tout le monde et que s’ils habitaient près de chez moi, leurs enfants viendraient aussi souvent que les autres.

Il y a une certaine jalousie qui s’est instaurée entre les deux sœurs. Les choses se sont dégradées au fur et à mesure. Certains me voudraient rien que pour eux et que je ne partage pas. Et au bout du compte, on ne me donne plus de nouvelles. C’est vrai que je suis très autonome et que je me débrouille toute seule. Donc ils doivent se dire que tout va bien."