Dépakine : les victimes "vigilantes" sur l'indemnisation

Marine Martin, présidente de l'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant, s'est entretenue avec Marisol Touraine.
Marine Martin, présidente de l'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant, s'est entretenue avec Marisol Touraine. © BERTRAND GUAY / AFP
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avec AFP , modifié à
La ministre de la Santé s'est engagée à ce que Sanofi participe à l'indemnisation.

Les familles des victimes de l'antiépileptique Dépakine seront "vigilantes" concernant le fonds d'indemnisation promis par l'État, afin qu'il n'exclue aucune victime, ont déclaré jeudi à l'AFP deux de leurs représentants, à l'issue d'une rencontre avec la ministre de la Santé Marisol Touraine.

Indemnisation rapide. "Nous avons rappelé à la ministre qu'il était essentiel que toutes les victimes soient prises en charge dans ce fonds, sans restriction de date - de la mise sur le marché en 1967 jusqu'à aujourd'hui - et sans mécanisme restrictif" en fonction de la gravité des préjudices, a détaillé Me Charles Joseph-Oudin, le principal avocat des victimes du valproate de sodium, la substance active de la Dépakine. Au cours d'une rencontre jeudi après-midi avec Me Joseph-Oudin et Marine Martin, présidente de l'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant (Apesac), la ministre a "confirmé sa volonté que le fonds d'indemnisation soit mis en place rapidement, dans le courant de l'année 2017", a salué l'avocat.

Mais "nous restons extrêmement vigilants sur la portée et les mécanismes, y compris très subtils de ce fonds d'indemnisation à créer", a-t-il ajouté. Marisol Touraine "s'est engagée auprès de nous à ce que Sanofi participe à l'indemnisation", a également déclaré Mme Martin. Pour ce faire, deux systèmes sont encore à l'étude : le gouvernement pourrait soit demander au laboratoire français qu'il prenne en charge une partie du fonds d'indemnisation, soit indemniser lui-même les victimes avant de se retourner contre Sanofi, a-t-elle expliqué.

Sanofi collabore. Le groupe français commercialise le valproate de sodium en France sous la marque Dépakine depuis 1967. Le traitement anti-épileptique existe aussi sous forme de génériques, et la même molécule est prescrite aux personnes souffrant de troubles bipolaires sous les noms de Dépamine et Dépakote. Contacté, Sanofi n'a pas souhaité faire de commentaires. Le groupe a seulement rappelé qu'il fournissait "toute l'information demandée" dans le cadre des expertises judiciaires en cours et qu'il avait "toujours fait face à ses responsabilités dès lors qu'elles étaient établies".

Plus de 12.000 enfants victimes. Pour sa part, le ministère de la Santé a affirmé que la "réunion de travail" avec Me Joseph-Oudin et Marine Martin avait "permis de progresser vers la mise en place d'un fonds d'indemnisation des victimes", dans une déclaration écrite transmise après la rencontre. Alors que les risques liés à la prise de valproate de sodium sont connus depuis de nombreuses années (malformations congénitales, risques neurologiques et moteurs), il faudra attendre 2006 pour que le médicament, indispensable chez certains patients ne répondant pas aux autres antiépileptiques, soit déconseillé en cas de grossesse et un arbitrage européen en novembre 2014 pour que l'ensemble des risques soient répertoriés.

Plus de 12.000 enfants en France pourraient être atteints par ces séquelles, selon l'épidémiologiste Catherine Hill, qui a effectué une estimation "prudente" à partir des ventes du médicament et du nombre de femmes enceintes traitées.