"Crois-tu en Allah/Dieu/Yahvé ?" : un questionnaire destiné aux élèves fait polémique en Corse

Les élèves corses devraient répondre à des questions polémiques sur leurs pratiques notamment religieuses (image d'illustration)
Les élèves corses devraient répondre à des questions polémiques sur leurs pratiques notamment religieuses (image d'illustration) © GERARD JULIEN / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Dans le cadre d'une enquête sur la diversité culturelle, les élèves des écoles élémentaires et secondaires auraient reçu un questionnaire sur leurs pratiques alimentaires, religieuses et culturelles qui fait débat.

Un questionnaire destiné aux élèves du primaire et du secondaire en Corse, dans le cadre d'une étude sur la diversité commandée par l'Assemblée de Corse dirigée par les nationalistes, fait polémique sur l'île, et un élu de gauche a réclamé son interdiction.

Une enquête sur la diversité culturelle. Ce questionnaire, "élaboré par les enseignants-chercheurs" de l'Université de Corse, "fait suite à la demande émanant du Président de l'Assemblée de Corse (Jean-Guy Talamoni) concernant les questions traitées par la commission permanente chargée de travailler sur la diversité culturelle", peut-on lire en introduction du document décliné en deux versions, destinées aux élèves plus ou moins jeunes à partir de 8 ans et que l'AFP a pu consulter dimanche.

Des questions sur les croyances, les pratiques alimentaires et culturelles. S'y trouvent de nombreuses questions, sur les langues parlées par les élèves, mais aussi dans les familles et par les parents, voire dans le quartier ou les médias, sur les voyages à l'étranger ou la religion et sa pratique. "Est-ce que tu crois en Allah/Dieu/Yahvé ?", "Est-ce que ton père croit en Allah/Dieu/Yahvé ?", "Est-ce que ta mère croit en Allah/Dieu/Yahvé ?", peut-on ainsi lire dans le questionnaire destinée aux élèves du primaire.

D'autres questions portent sur les pratiques alimentaires et culturelles lors du vendredi Saint, du Ramadan, ou du Shabbat, sur la consommation de viande, sur le port de signes religieux distinctifs, sur le sentiment d'appartenance à la Corse, à la France ou le sentiment de sécurité et l'intégration.

Un élu de gauche se dit "profondément heurté". "Je vais demander solennellement à la ministre de l'Éducation nationale d'interdire la diffusion de ce questionnaire dans les écoles de la République", a indiqué dans un communiqué François Tatti, le président (DVG) de l'agglomération de Bastia et conseiller territorial. L'élu se dit "profondément heurté par la démarche et par le contenu" du questionnaire et se dit prêt à saisir le tribunal administratif si nécessaire pour obtenir son interdiction.

La volonté de faire "un état des lieux". Dans une lettre au président de l'université, le président indépendantiste de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni justifie cette démarche par la volonté de faire "un état des lieux" pour la commission permanente sur la "diversité culturelle et sa gestion". "La réalisation d'un état des lieux quantitatif est rendue indispensable pour évaluer l'importance de chacun des groupes culturels au sein de la population", écrit Jean-Guy Talamoni.

"Cet exercice n'est pas aisé et se heurte à des obstacles d'ordre juridique. La loi proscrit toute étude statistique à caractère ethnique", constate le nationaliste. "En s'appuyant sur les données démographiques et en sollicitant la contribution d'enseignants-chercheurs qui ont travaillé sur ces questions sensibles, une approche, quoiqu'empirique, est parfaitement envisageable", estime-t-il.

Aucun questionnaire n'a été mis en oeuvre par l'Académie de Corse. Dans la matinée de dimanche, l'Académie de Corse a répondu dans un communiqué que "Dès vendredi, le Recteur (...) a informé l'ensemble des établissements scolaires que celle-ci [l'enquête, ndlr] ne pourrait pas être diffusée au sein de, et par, l'Éducation nationale. Aucun questionnaire n'a donc été mis en oeuvre dans les établissements scolaires."