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Anaïs Huet , modifié à
Invité du Club de la Presse lundi, Jean-Marc Jancovici, auteur du livre Dormez tranquilles jusqu'en 2100, a confié son scepticisme sur les espoirs de la COP21.
INTERVIEW

"On ne passe pas d’une situation où tous les problèmes étaient irrésolus à une situation où 10 jours après, un grand coup de baguette magique d’Harry Potter fait que tous les problèmes sont résolus". Interrogé par Le Club de la Presse lundi, Jean-Marc Jancovici, fondateur de la société Carbone 4 spécialisée dans la transition énergétique, a tenu à nuancer la vague d'espoirs que porte la COP21, qui se tient à Paris depuis lundi. 

Appliquer les engagements. Pour l'auteur, ce que l’on peut attendre de la grande conférence sur le climat, "c’est de réaffirmer qu'il est très important de s’occuper du problème et qu'une fois revenus chez eux, les chefs d'Etats vont continuer à s’en occuper". Pour cela, les engagements doivent être appliqués concrètement. Pour le spécialiste, le changement se matérialisera si les gouvernements décident de "monter le prix des énergies fossiles, réglementer leurs usages, gérer correctement l’argent qui permet de décarboner l’économie".

Limiter le réchauffement à 2 degrés. Problème, les mesures qui pourraient limiter le réchauffement climatique à 2 degrés Celsius sont difficiles à faire entendre. "2 degrés, ça ne fait pas peur. Et se focaliser sur un objectif en 2100, on se dit qu'on sera déjà tous morts", déplore le spécialiste. Pourtant, la répétition des records de températures battus d'année en année est déjà le signe qu'on est "en train de vivre quelque chose qui ne se serait pas passé sans la trace de l’homme. Les conséquences agricoles, sanitaires, et a fortiori géopolitiques, sont déjà en train d’être observées."

Aider les pollueurs. Le Premier ministre indien Narendra Modi a estimé lundi que la communauté internationale devait laisser "de la place pour la croissance des pays développés" et ne peut "imposer la fin" des énergies fossiles. Une déclaration que comprend Jean-Marc Jancovici. "Le charbon est une énergie domestique en Inde, dont son développement dépend beaucoup", rappelle le spécialiste qui opterait pour une solution qui consisterait à aider les pollueurs. "Je préfère mille fois qu’on aide les indiens à se débarrasser du charbon qu’on mette des panneaux solaires chez nous", a-t-il martelé. Pour Jean-Marc Jancovici, le plus efficace serait que "les pays payent ceux qui ont un pouvoir de nuisance". Mieux, il s'agirait de les aider à aller vers des solutions moins polluantes. "Les Indiens ne sont pas hostiles au nucléaire. On pourrait les aider à remplacer le charbon".