Cité abandonnée aux dealers : "Ma responsabilité est de mettre en sécurité mes locataires"

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Photo d'illustration. © MOHD RASFAN / AFP
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A.D
A Compiègne, Arnaud Dumontier, président de l'Opac de Compiègne a décidé de faire déménager ses locataires d'une cité tombée aux mains des trafiquants de drogue. Il a expliqué sa décision sur Europe 1.
INTERVIEW

C'est la solution du dernier recours. A Compiègne, dans l'Oise, l'Office public d'aménagement de construction (Opac) a décidé de faire évacuer ses locataires de la cité du Clos-des-Roses gangrenée par les dealers. Arnaud Dumontier, président de l'office était l'invité d'Europe 1 mardi midi pour expliquer cette décision radicale.

"Aucun autre choix". Le bailleur social estime qu'il "n'avait aucun autre choix. Les cages d'escalier font l'objet d'une véritable appropriation de la part des trafiquants. Ils manipulent les vannes de gaz, détournent les réseaux d'électricité et détruisent toutes les défenses incendie" si bien qu'il redoutait "l'imminence d'une explosion ou d'un incendie. Ma responsabilité première est de mettre en sécurité mes locataires et c'est ce que je fais en organisant ces déménagements", explique-t-il.

Entendu sur europe1 :
Je ne veux pas avoir la mort d'hommes, de femmes et d'enfants sur la conscience.

Arnaud Dumontier rejette en revanche la responsabilité de participer à l'abandon du quartier et la reporte sur "ceux qui ont en charge l'ordre public, la sécurité publique, c'est-à-dire au ministre de l'Intérieur et à son représentant dans le département, le préfet de l'Oise. Moi, j'ai été contraint de prendre cette décision. Je ne veux pas avoir la mort d'hommes, de femmes et d'enfants sur la conscience." De son côté, le maire de la ville, Philippe Marini, reconnaît "le développement" du trafic de drogue mais il s'oppose à l'opération d'évacuation et compte mettre l'Opac en demeure.

"Territoire abandonné de la république". Pour répondre à l'édile, Arnaud Dumontier souligne le sentiment de "soulagement" des habitants depuis le début des évacuations le 9 février. "Je le rejoins quand il demande des moyens policiers supplémentaires. La police vient, je leur rends hommage mais je réclame une présence policière massive et pérenne pour que l'Etat de droit revienne dans ce territoire abandonné de la République", ajoute le bailleur qui indique s'être déplacé dès juin 2016 auprès du cabinet de Bernard Cazeneuve, alors ministre de l'Intérieur, sans qu'aucune amélioration n'ait été visible depuis. Arnaud Dumontier note néanmoins un point positif : la mobilisation de la procureure de la République sur ce dossier brûlant.