CHU de Guadeloupe : l'augmentation de la mortalité "était la petite chose qu'on nous cachait"

1:19
  • Copié
Mathieu Bock, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Au moins 43 morts suspectes ont été dénombrées au CHU de Guadeloupe depuis janvier 2018. Au lendemain de la diffusion de l'enquête d'Europe 1, une patiente et un élu local réagissent.
TÉMOIGNAGE

"C'était la petite chose qu'on nous cachait et malheureusement, il s'avère que c'est vrai". Betty, qui sort tout juste du CHU de Guadeloupe, est, comme beaucoup de patients, désemparée au lendemain des révélations d'Europe 1 sur les "43 morts suspectes" - dont 10 bébés - qui ont eu lieu depuis le mois de janvier 2018. "Ce n'est surtout pas la faute des docteurs et des infirmiers", prévient-elle cependant alors que le centre hospitalier de Pointe-à-Pitre a enregistré "une augmentation de 31% du nombre de morts par rapport à l'an dernier sur la même période", selon le collectif de défense du CHU qui a comptabilisé lui-même les décès supplémentaires. 

Plaintes en série. Mais Betty, et globalement les patients du CHU de Guadeloupe ne sont pas les seuls en colère. "Nous sommes en train d'initier des plaintes contre un certain nombre d'élus, contre la direction de l'Agence régionale de santé (ARS), contre la direction du CHU et contre la ministre de la Santé", détaille, remonté, Elie Domota, leader du LKP [Collectif contre l'exploitation outrancière, qui regroupe une cinquantaine d'organisations syndicales, associatives, politiques et culturelles de la Guadeloupe, ndlr] et principale figure politique locale. "Il y a des gens qui sont morts", s'insurge-t-il.

>> ENQUÊTE - Au CHU de Guadeloupe, 43 morts suspectes depuis janvier

"Médecine de guerre". Au CHU, on ne parle plus de soins mais de "médecine de guerre". Une situation intenable que l'ARS a décidé de corriger rapidement en décidant de nommer Valérie Denux à sa tête. Elle est médecin militaire et a notamment opéré au Moyen-Orient et en Afrique. Bien décidée à lever le voile sur ces morts suspectes, l'expérimentée médecin a elle aussi lancé une enquête. "Il y a effectivement un sentiment probable de certaine perte de chance. Mon objectif, c'est que d'ici fin avril, je puisse avoir la meilleure visibilité possible", explique-t-elle au micro d'Europe 1 quatre mois après l'incendie qui a dévasté le CHU.

L'ARS déjà promis d'annoncer des mesures fortes dès le début du mois d'avril, qui doivent réorganiser les soins au CHU pour les deux ans à venir.