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O.G avec Emmanuel Duteil
Pas simple de faire parler un salarié de Lactalis, le numéro un mondial des produits laitiers actuellement aux prises avec les producteurs de lait. Europe 1 a mené l'enquête au sein d'une entreprise qui cultive une véritable culture du secret.

Rarement en France une entreprise de la taille de Lactalis, leader mondial des produits laitiers, n'aura autant cultivé une telle discrétion. Une attitude notamment adoptée par le PDG du groupe, Emmanuel Besnier, qui a adopté l'esquive des médias, des syndicats et des politiques. En marge des négociations qui ont repris ce matin à la préfecture de Laval en Mayenne entre représentants de producteurs et l'entreprise, Europe 1 s'est intéressé aux salariés et syndicats qui, à l'instar du PDG Emmanuel Besnier, décident de faire profil bas et défendent leur entreprise.

"Je ne veux pas vous parler." "Le bruit ne fait pas de bien, le bien ne fait pas de bruit", résume un salarié. La plupart de ceux qui ont été interrogés témoignent d'un véritable malaise avec la mise en lumière de Lactalis, qui ne jouit pas forcément d'une opinion favorable. "C'est injuste, on nous utilise parce qu'on est leader mondial", ajoute un autre employé.

"Lactalis ne peut pas être accusé de tout !" Alors que l'entreprise entame aujourd'hui une troisième session des négociations du prix du lait, après les deux échecs de la semaine dernière, et que la FNSEA, premier syndicat agricole pousse à la mobilisation massive des producteurs, les employés de Lactalis disent ne pas être "insensibles à la détresse [des agriculteurs]". L'un d'entre eux précise : "C'est dur pour les gars en contact avec les éleveurs, comme les chauffeurs ! [...] mais Lactalis ne peut pas être accusé de tout !"

Une culture syndicale "à l'ancienne". Du côté des syndicats, il n'est pas forcément plus simple d'obtenir des informations. La CFDT a décliné toute demande d'interview et selon un bon connaisseur de l'entreprise, la culture syndicale au sein de l'entreprise n'a jamais été très développée. La direction travaille essentiellement avec la CFTC, syndicat majoritaire au sein du groupe. Mais là aussi, difficile d'en savoir plus sur la vie de l'entreprise.

Les salariés, victimes collatérales ? C'est ce que craignent beaucoup de salariés qui risqueraient d'être au chômage technique si l'entreprise ne trouve pas de solution au conflit entre les éleveurs et Lactalis. Les blocages entamés hier soir devant les sites Lactalis se poursuivent toujours aujourd'hui. "Le mouvement ne s'arrêtera que lorsque les discussions avec Lactalis aboutiront à un accord", a déclaré le secrétaire général de la FNSEA, Dominique Barrau.