Castration sans anesthésie : le triste sort des porcelets

© CHARLY TRIBALLEAU / AFP
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Rémi Bostsarron et A.D
L'opération est réalisée pour éviter un faible risque de désagrément au consommateur, et sans anesthésie parce que les éleveurs souhaitent échapper au paiement d'un acte vétérinaire.

En plein Salon de l'agriculture, une association tente de sensibiliser les Parisiens au sort... des porcelets. Une centaine d'affiches ont été posées dans le métro de la capitale. On peut y voir le dessin d'un petit animal aux grands yeux affolés, car l'objet de cette campagne, c'est la castration des porcelets sans anesthésie. 85% d'entre-eux sont ainsi castrés en France, chaque année, soit 10 millions de bêtes. Et ce pour éviter un désagrément au consommateur.

Risque d'odeur d'urine dans 5% des cas. La raison de cette émasculation ? Si vous cuisinez un porc qui n'a pas été castré, il se pourrait qu'il dégage une odeur d'urine. Cela n'arrive que dans 5% des cas. Mais c'est pour éliminer ce faible risque que la plupart des éleveurs castrent leurs porcelets. Et ils le font sans anesthésie, parce que, disent-ils, faire venir un vétérinaire coûte cher.

Un analgésique qui n'a pas le temps d'agir. Depuis quelques années, ils utilisent tout de même un anti-douleur, mais c'est trop peu, pour Pauline Nicolantonio, de l’association Welfarm, à l'origine de cette campagne. "C'est l'équivalent d'un Doliprane, donc c'est nettement insuffisant. D'autant que le plus souvent, cette analgésique est donné au moment de l'opération donc il n'a pas le temps de faire effet et le porcelet continue de souffrir dans la semaine qui suit parce que l'analgésique n'est donné qu'une seule fois alors qu'il devrait être donné à plusieurs reprises", dénonce-t-elle.

Une résistance mais un début de changement. L'idée, c'est de convaincre les consommateurs, qui sont de plus en plus sensibles à cette question du bien-être animal. L'association demande l'interdiction de la castration à vif, comme en Suède ou en Suisse. Chez les éleveurs, la résistance est forte, mais certains ont déjà changé de méthode. La Cooperl, par exemple, qui représente 2.500 éleveurs. Dans cette coopérative, il n'y a pratiquement plus de castration, mais il y a des "nez", des employés qui détectent, à l'abattoir, à l'odeur les carcasses qui pourraient poser problème.