Caméras dans les abattoirs : "le risque de flicage des salariés ne tient pas"

Olivier Falorni, assemblée nationale c'édit : JOEL SAGET / AFP - 1280
Olivier Falorni juge sa proposition de loi "équilibrée" et "efficace" © JOEL SAGET / AFP
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avec AFP , modifié à
Après les scandales de maltraitance animale dans des abattoirs, le député Olivier Falorni a présenté jeudi un projet de loi pour installer des caméras de surveillance dans les établissements.

Olivier Falorni, député apparenté PRG, a défendu jeudi sa proposition d'installer des caméras dans les abattoirs, assurant que "le risque de flicage pour les salariés ne tient pas", alors que la proposition de loi "relative au respect de l'animal en abattoir" est examinée jeudi à l'Assemblée.

Un flicage impossible des salariés. "Je ne comprendrais pas que ma mesure soit rejetée ce soir parce qu'elle est équilibrée, et elle est efficace", a estimé jeudi matin l'élu de Charente-Maritime et rapporteur du texte, sur RMC. "Le risque de flicage des salariés ne tient pas (...) puisque la direction de l'établissement n'est pas destinataire des images", a-t-il assuré. "Les destinataires des images (...) ce sont les services d'inspection vétérinaires", a-t-il déclaré, ajoutant que "toute utilisation ou divulgation des images pour d'autres fins que celles de la maltraitance" serait condamnée "par 5 ans d'emprisonnement et 300.000 euros d'amende".

Une mise en application dès 2018. En décembre, sur proposition de certains écologistes, des centristes et LR, l'article visant à rendre obligatoire l'installation de caméras dans toutes les zones où des animaux vivants sont manipulés a été supprimé en commission des Affaires économiques, pour des raisons de coûts et de "pression" sur les salariés. Les socialistes s'y sont également opposés, certains se prononçant plutôt pour une expérimentation. 

"Mon amendement dit : 'on expérimente pendant l'année 2017, on met en application au 1er janvier 2018'", a martelé jeudi Olivier Falorni. "Expérimenter sans fixer le cap, c'est expédier cette mesure à la poubelle, je m'y opposerai", a-t-il averti.

Une solution à de nombreuses problématiques. Dans un courrier commun, dix ONG de protection animale, dont les fondations 30 millions d'amis et Brigitte Bardot, le CIWF et L214, ont appelé les députés à soutenir l'amendement d'Olivier Falorni afin que la proposition de loi sur l'abattage ne soit "pas vidée de toute substance". "Le contrôle vidéo au poste d'abattage permet de répondre à de nombreuses problématiques à l'origine d'infractions en abattoir. Il devrait être rendu obligatoire et strictement encadré avec mise en place d'un contrôle indépendant", soulignent les associations.

Des vidéos qui n'empêchent pas la maltraitance. L'interprofession française de la viande, Culture viande, a, elle, déclaré dans un communiqué que "la protection animale à l'abattoir n'est pas une affaire de caméras". Elle assure qu'imposer des caméras "reviendrait à dire que tous ces hommes et ces femmes, salariés d'entreprises et contrôleurs des services vétérinaires de l'État, ne font pas, ou mal, leur travail". De plus, "un contrôle vidéo n'empêche pas les actes de maltraitance, il permet de les constater a posteriori... les vidéos tournées par les anti-viandes en sont la preuve criante", selon Culture viande.

Un Comité national d'éthique des abattoirs. En septembre, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll s'était dit favorable aux caméras de surveillance dans les abattoirs, "dans le respect des salariés". La proposition de loi prévoit également la mise en place d'un Comité national d'éthique des abattoirs et d'un comité local de suivi auprès de chaque abattoir. Pour les abattoirs de boucherie de plus de 50 salariés, la présence permanente d'un agent des services vétérinaires aux postes d'étourdissement et de mise à mort doit être rendue obligatoire.