Boucherie vandalisée dans l'Essonne : pour Aymeric Caron, les antispécistes agissent "par désespoir"

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Anaïs Huet , modifié à
Après l'attaque d'une boucherie de l'Essonne, sur laquelle a été taguée l'inscription "Stop spécisme", le militant de la cause animale Aymeric Caron appelle sur Europe 1 à s'interroger sur les raisons de ces actions violentes.
INTERVIEW

Dans la nuit de samedi à dimanche, à 4 heures du matin, la boucherie de Cédric Neveu, située à Epinay-sur-Orge dans l'Essonne, a été la cible d'un acte de vandalisme. Les vitres de la devanture ont été brisées, et l'inscription "Stop spécisme" a été taguée. 

Le journaliste Aymeric Caron, militant antispéciste et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, ne condamne pas ces actes, mais "regrette que certains militants soient amenés" à opérer ainsi. Au micro de Matthieu Bélliard lundi soir sur Europe 1, il a appelé à la prudence : "Personne n'a été arrêté. J'attends de savoir s'il s'agit vraiment de militants antispécistes."

Des opérations "spectaculaires" pour ouvrir le débat. "Évidemment, on regrette qu'un petit commerçant ait à affronter ce genre de problèmes. L'antispécisme est une philosophie de non-violence par définition", tient d'abord à assurer Aymeric Caron. Mais selon lui, il faut avant tout se demander ce qui conduit des militants à opter pour la violence. "La réponse, c'est le désespoir. Certaines personnes sont amenées à faire des choses spectaculaires pour que l'on mène ce débat. Et les responsables, ce sont ceux qui nous dirigent. On a une équipe gouvernementale qui ne fait absolument rien pour le bien-être animal, et qui ne suit pas les voies démocratiques", justifie le journaliste.

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Dans son viseur : les promesses du candidat Macron qui, lors de sa campagne, souhaitait notamment la suppression des cages pour les poules pondeuses, ou adhérait à la volonté des associations de protection animale qui appelaient à l'installation de caméras de vidéosurveillance dans les abattoirs. Des promesses qui n'ont pas été inscrites dans la loi agriculture et alimentation, adoptée en juillet par le Sénat. "Alors que font des démocrates pour se faire entendre si la voie démocratique ne fonctionne pas ?", interroge Aymeric Caron.

Vers un monde sans viande ? Répondant aux critiques d'un auditeur, qui considérait de son côté que chacun devait être libre de manger ou non de la viande, Aymeric Caron a précisé sa philosophie. "Nous considérons que le droit à vivre des vaches, des cochons, des poulets est beaucoup plus important que le plaisir gustatif que nous, humains, pouvons avoir à retirer de leur consommation. Nous considérons aussi que nous, humains, pouvons très bien vivre sans manger de la viande", plaide-t-il.

Le journaliste garantit enfin que l'antispécisme n'a pas pour but de mettre tous les acteurs du secteur de la viande au chômage. "On a bien conscience que toute une économie repose sur l'industrie de la viande en France. L'idée des antispécistes, sur un plan politique, est d'enclencher une grande transition agricole vers une agriculture végétale, qui passe par la reconversion de tous les métiers de la viande".