Berd’huis 1280 3:15
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Hadrien Bect et Romain David , modifié à
Cette petite commune de l’Orne de 1.100 habitants a été choisie pour accueillir le président de la République le temps de son interview fleuve au 13 Heures de TF1.

Son église, son manoir du 16e siècle, sa rue principale et ses quelques commerces… sur le papier, rien ne distingue le village de Berd’huis, niché au cœur du parc régional du Perche dans l’Orne, de la plupart des autres communes de la France des campagnes. On imaginerait presque son clocher en toile de fond d’une affiche présidentielle. Et c’est précisément à l’opération charme du chef de l’Etat, au moment où monte la grogne sociale, que Berd’huis va servir de décor, puisque l’école du village a été choisie comme cadre au grand entretien qu’accorde jeudi Emmanuel Macron au 13 Heures de TF1.

Une commune dans la moyenne

Cette commune d’un peu plus de 1.100 âmes, à une cinquantaine de kilomètres d’Alençon, s'approche sur de nombreux points des moyennes nationales et pourrait illustrer sans peine une étude sociologique sur la France rurale. Si le nombre d'habitants a pratiquement doublé au cours des années 1980, la population de Berd'huis a tendance à stagner depuis le début des années 2000, comme un écho au déclin démographique de l'Orne. Les plus de 60 ans représentent la plus importante tranche d'âge de la population, 28,1%, suivis par les 45-59 ans, soit 20,4% de la population municipale, selon le dernier pointage réalisé par l’Insee en 2014, contre respectivement 23,9% (pour les plus de 60 ans) et près de 20% (pour les 45-59 ans) à l’échelle du pays. La même année, la commune enregistre un taux de chômage de 9,1% au sein de la population active, quand la France termine à 10,3%. Plus du trois quarts des actifs qui résident à Berd'huis travaillent dans une autre commune.

Une ville en marge des déserts médicaux

À l’écart des grandes autoroutes, Berd'huis borde cependant un axe routier important, la départementale 955 qui traverse la commune d'est en ouest. Pour ce qui est de l’économie locale, le site de la mairie fait état de dix exploitations agricoles, majoritairement des éleveurs, et liste surtout des commerces de proximité : une boucherie, une boulangerie, une pharmacie, un salon de coiffure, un supérette, un fleuriste, et même un hôtel de quatorze chambres. En 2014, le revenu moyen annuel déclaré par contribuable était de 19.420 euros. Quant à l'impôt sur le revenu net moyen par foyer fiscal, il était de 1.929 euros.

Sur le plan de l’accès aux soins, Berd’huis se démarque, et fait même figure d'"ovni rural", selon la formule du Parisien. À l’heure où les infrastructures médicales et le personnel soignant désertent les campagnes, la commune possède en effet rien moins qu’un cabinet infirmier avec trois infirmières, un cabinet médical avec trois médecins, et même un dentiste. Le centre hospitalier le plus proche se trouve à moins de dix kilomètres, à Nogent-le-Rotrou.

Un cadre rêvé pour la démonstration du président ?

Mais c’est l’école municipale qui a attiré l’attention des équipes de TF1. Elle n’a beau compter que 195 élèves, répartis sur huit classes, cette petite école n’en utilise pas moins des ordinateurs portables et des tableaux numériques. Bref, un établissement "à la pointe du progrès", se félicite auprès de Ouest-France la maire Brigitte Luypaert. "TF1 m’a contactée pour me dire qu’il souhaitait visiter l’école, et que c’était ses équipements numériques qui avaient retenu leur attention", détaille-t-elle auprès d’Europe 1. "Je pensais au départ que c’était juste un reportage pour le 13 Heures de Jean-Pierre Pernaut, mais ma surprise ça a été l’annonce de la venue du président de la République. Ça m’a un peu coupée les jambes", confie l’édile qui parle d’une occasion "formidable" pour sa commune. 

Dans ce cadre, "la fracture sociale et territoriale" servira de thème conducteur à l’interview du président de la République, comme l’a expliqué Thierry Thuillier, le directeur de l’information de TF1. Emmanuel Macron, rattrapé par la grogne des retraités et taxé de "président des villes" par l’opposition, pourrait même citer Berd’huis, à la fois comme exemple et contre-exemple. Mais attention, madame la maire l’a répété : "Ce n'est pas 'Bienvenue chez les Ploucs !’".

Emmanuel Macron n’est pas le candidat des Berd’huisiens

Politiquement, la commune se situe à droite, voire très à droite. Marine Le Pen y est arrivée largement en tête du premier tour de l’élection présidentielle, avec 30,43% des suffrages exprimés, suivie par François Fillon (21,89%), Emmanuel Macron ne se classant qu’en troisième position (20,03%). Si le candidat d’En Marche ! a repris la main au second tour, peut-être à la faveur du front républicain, son score reste toutefois bien moindre qu’au niveau national (54,53% contre 66,10%). Localement, Brigitte Luypaert, étiquetée DVD et ex-sénatrice de l'Orne (2002-2004), a entamé en 2014 son troisième mandat.