Assaut de Saint-Denis : un collectif de propriétaires et d'anciens habitants se lance un an après

Le collectif demande "d'urgence" que ses membres soient reconnus comme victimes du terrorisme.
Le collectif demande "d'urgence" que ses membres soient reconnus comme victimes du terrorisme. © Ministère de l'Intérieur / DICOM / F. PELLIER
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avec AFP , modifié à
Ils vivaient dans l'immeuble où se cachaient Abdelhamid Abaaoud, et son complice Chakib Akrouh à Saint-Denis. Un immeuble visé par un assaut des policiers en novembre dernier. 

Des sinistrés de l'immeuble de Saint-Denis dévasté depuis l'assaut policier contre la planque de deux des djihadistes du 13 novembre ont annoncé mercredi la création d'un collectif qui demande "d'urgence" la reconnaissance comme victimes du terrorisme.

Une vingtaine de personnes. Ce "collectif du 18-Novembre Saint-Denis" réunit actuellement une vingtaine de personnes, selon son avocat Méhana Mouhou. Il est notamment composé de copropriétaires de cet immeuble à l'angle des rues du Corbillon et de la République, dans le centre de cette ville de Seine-Saint-Denis, devenu inhabitable après l'assaut des policiers d'élite du Raid contre un appartement où se cachaient notamment Abdelhamid Abaaoud, un coordinateur des attentats qui ont fait 130 morts à Paris et aux abords du Stade de France, et son complice Chakib Akrouh. Tous deux sont morts pendant l'assaut, ainsi que la cousine d'Abaaoud, Hasna Aïtboulahcen.

Aucune indemnisation. S'estimant "maltraités par la mairie, ignorés par les banques-assurances et abandonnés par l'Etat", les membres du collectif demandent d'être "reconnus victimes du terrorisme pour nos corps blessés, nos vies brisées, nos biens perdus le 18 novembre 2015 pour protéger la Nation". Les autorités considèrent les sinistrés comme des victimes d'une intervention policière "en responsabilité sans faute de l'État". Ils n'ont donc pas accès au Fonds de garantie des victimes du terrorisme, un service du ministère de la Justice étant chargé de leur proposer des indemnisations.

Ils demandent à voir Hollande. Le collectif a aussi demandé, lors d'une conférence de presse à Paris, à être reçu "d'urgence" par François Hollande. "Pendant un an on a nous a demandé de faire profil bas", a affirmé à l'AFP une propriétaire souhaitant garder l'anonymat. "Si les terroristes s'étaient planqués à Paris ça ne se serait jamais passé comme ça, ils ont géré ça comme un dossier de banlieue pauvre", déplore-t-elle.

Après l'assaut, une association avait été créée, épaulée par Droit au logement (DAL). L'association DAL des victimes du 48, rue de la République milite pour le relogement pérenne des sinistrés, la régularisation des sans-papiers de l'immeuble et la reconnaissance comme victimes du terrorisme. Si le nouveau collectif s'inscrit dans la même ligne, certains de ses membres ont confié à l'AFP ne pas se sentir représentés par le DAL, proche selon eux de la municipalité communiste pour qui "tous les propriétaires sont des marchands de sommeil".

Pour marquer l'anniversaire de l'assaut, le collectif prévoit de déposer jeudi une plaque sur l'immeuble. La mairie a enclenché une procédure d'appropriation publique du bâtiment, en vue d'une "démolition probable".