Appels surtaxés : comment s'en protéger ?

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Margaux Lannuzel avec AFP
SMS alarmants, faux colis ou appels en absence incitant à rappeler… Plusieurs réseaux d'escrocs aux numéros surtaxés ont été démantelés ces dernières années.

Mi-juillet, deux sociétés ont été condamnées à des amendes de 300.000 et 500.000 euros pour des pratiques téléphoniques "trompeuses et agressives", a indiqué mercredi la secrétaire d'Etat chargée du Commerce et de la Consommation, Martine Pinville. La technique utilisée ? Le "ping call", qui consiste à émettre des appels en absence auprès de milliers d'utilisateurs, dans le but de les inciter à rappeler le même numéro, surtaxé et utilisé frauduleusement. Depuis plusieurs années, divers dispositifs ont été mis en place pour lutter contre ces escroqueries, de plus en plus fréquentes. 

  • Quels sont les numéros surtaxés ?

Dans le cas des sociétés condamnées mi-juillet, 123soleil.com et holding123mediacorp, les numéros étaient composés de quatre chiffres : "3247, 3287, 3684,  3687 et 3261", a énuméré Martine Pinville. Dans d'autres cas, ils comportent six chiffres et commencent par "118" ou dix chiffres et commencent par "08". Ces numéros sont censés fournir des services utiles aux consommateurs, comme des informations sur la météo, la bourse ou encore des achats de billets. Mais certains d'entre eux sont utilisés par des éditeurs peu scrupuleux.

  • Comment procèdent les escrocs ?

Plusieurs techniques existent. La plus courante consiste à appeler brièvement un numéro, afin que la personne ait peu de chances de décrocher et soit incitée à rappeler. "Le coût de la communication pèse alors sur l'utilisateur, sans que le caractère surtaxé de l'appel ne lui ait été notifié", explique Martine Pinville. Dans d'autres cas, comme celui d'un réseau démantelé à Nice, au mois de mai dernier, des SMS sont envoyés, incitant à rappeler un numéro en apparence ordinaire, mais basculant vers un numéro surtaxé sans que l'utilisateur ne s'en aperçoive. Le contenu des messages peut être personnel - "contacte-moi, je ne suis pas loin de chez toi" -, ou pratique, informant par exemple de la prétendue arrivée d'un colis. Grâce à de nombreuses cartes SIM, les fraudeurs parviennent à envoyer ces SMS à des dizaines de milliers de personnes.

  • Comment les identifier ?

Un comité déontologique d'autorégulation baptisé SVA+, pour "services à valeur ajoutée", a été mis en place en 2012. Son but ? Permettre aux utilisateurs de faire la différence entre les numéros fournissant des informations et ceux qui ne débouchent sur aucun service en contrepartie. L'organisme, qui réunit entre autres la Fédération française des télécoms et le Groupement des éditeurs de services en ligne, a mis en place en 2015 un annuaire inversé, disponible sur le site infosva.org. En renseignant le numéro et la date de l'appel, on peut y consulter le nom du service concerné, le coût de l'appel et un moyen de contacter le fournisseur.

  • Peut-on s'en protéger ?

"Le gouvernement est particulièrement attentif à la préservation de la tranquillité des utilisateurs de téléphones fixes et mobiles et au respect de leurs droits. Nous sommes déterminés, avec la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, ndlr), à mettre fin aux numéros surtaxés qui nuisent à la confiance des Français dans leurs liens avec les professionnels, et pèsent sur le portefeuille des ménages", a souligné Martine Pinville, mercredi.

Le service Bloctel, mis en place par le gouvernement le 1er juin pour permettre aux utilisateurs qui le souhaitent de ne plus être démarchés par des entreprises, fonctionne également contre les arnaques au appels surtaxés. En s'inscrivant sur bloctel.gouv.fr, le consommateur peut "protéger" son numéro et cesser d'être appelé par tout professionnel "avec lequel il n'a pas de relation contractuelle en cours". Le dispositif a cependant ses limites : il ne prend par exemple pas en compte les SMS commerciaux ou frauduleux.