Appels aux dons : l'humour peut-il payer ?

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avec Sandrine Prioul , modifié à
Face à la baisse du nombre de donateurs, des associations caritatives, changent leur stratégie de communication, en optant par exemple pour plus d'humour.

Vous l'avez sûrement vu sur les panneaux publicitaires, à la télé, ou sur Internet : les campagnes de solidarité se multiplient. Un constat courant en décembre, période capitale pour les associations caritatives. C'est en effet à la fin de l'année que les donateurs sont les plus généreux. Sur le dernier trimestre,les associations récoltent en effet plus de 43% de leurs dons. Les fêtes de fin d'année, ou encore le froid, sont des éléments déclencheurs qui mobilisent. Et pour ça, il faut d'autant plus affiner les campagnes de sensibilisation, qui se tournent aujourd'hui de plus en plus vers l'humour.

Faire appel à l'humour. Et l'enjeu est d'autant plus important que, pour l'instant, les associations ont récolté peu d'argent. Face au vieillissement des donateurs, qui ont environ 65 ans, les publicitaires tentent de sensibiliser les jeunes. C'est notamment le cas d'Action contre la Faim qui a lancé cette année une campagne à destination des jeunes. La campagne met en scène le professeur "LaMort", qui tente de sensibiliser ses apprentis faucheurs à la faim dans le monde, première cause de mortalité.

Le professeur "LaMort" d'Action contre la Faim :

Faire appel à des jeunes. Cette année, La Croix-Rouge a également tenté de rajeunir son image, en faisant appelle à des personnalités connues des plus jeunes, pour la campagne des 150 ans de l'association. Figurent notamment dans cette campagne, le Youtubeur Norman, la chanteuse Selah Sue, ou encore le pilote de rallye Sébastien Loeb. Tous indiquent leur nombre de likes sur leur page Facebook et le comparent à ceux de la Croix Rouge. "J'ai 2.900.000 fans en faisant marrer les gens. La Croix-Rouge seulement 260.000 en les secourant", peut-on lire sur la photo de Norman fait des vidéos.

La campagne de la croix rouge avec Norman fait des vidéos

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Faire appel au "réalisme". D'autres, comme Yves Colin, de la Fondation Abbé Pierre, misent sur le réalisme. Cet hiver, l'affiche "métro-boulot-métro" sensibilise les passants sur le fait que 25% des SDF ont un emploi. "Il faut que les messages soient justes, qu'ils disent la réalité, qu'ils ne cherchent pas à la travestir, à l'exagérer, à la caricaturer. Il s'agit aussi de respecter la dignité des personnes", analyse Yves Colin.

Regardez la dernière campagne de la Fondation Abbé Pierre :

Fini le trash. Le choix de l'humour noir permet ainsi de pallier à une baisse de 6% de nouveaux donateurs. "Il faut que le traitement aujourd'hui soit beaucoup plus doux, beaucoup moins racoleur. Sinon les gens détournent leur regard, ils ne veulent pas regarder", analyse la spécialiste du marketing solidaire Anne Degrou.

Et ces choix de communication peuvent rapporter gros. En 2008, la campagne de la Fondation Abbé Pierre, qui disait "12 mètres carré pour une pub c'est normal, pas pour une famille", a boosté les dons de 10%.