Année de césure : ces jeunes qui ont "envie d'autre chose"

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avec AFP , modifié à
PAUSE - L'année de césure devrait être, dès la prochaine rentrée, considérée comme une simple suspension du cycle universitaire. De quoi donner envie à davantage de jeunes de sauter le pas ?

Encore peu prisée par les étudiants, l'année de césure - qui consiste à faire une pause de six mois à un an dans son cursus - est-elle appelée à gagner en popularité ? François Hollande veut, en tout cas, faciliter la vie des étudiants qui osent faire ce choix : "une circulaire va être prise dès cet été pour que la prochaine rentrée universitaire soit l'occasion d'introduire l'année de césure", a-t-il ainsi annoncé. Présentation d'un dispositif encore méconnu.

Qu'est ce c'est ? Cette année consiste à interrompre volontairement ses études ou son activité professionnelle pendant un an, pour un stage en entreprise, un voyage ou un projet personnel. La différence avec Erasmus ? "Une année Ersamus s'inscrit dans le cadre scolaire, pas l'année de césure", a expliqué à Europe1 Coline Vanneroy, déléguée générale d'Animafac, un réseau d'associations étudiantes qui plaide depuis deux ans pour une généralisation de l'année de césure. Si l'année de césure est, en effet, plutôt encouragée dans les grandes écoles, elle n'existe pas formellement dans les universités.  

Ce qui va changer. A l'avenir, l'année de césure sera "considérée comme une suspension de son cycle universitaire mais en aucune façon comme une rupture", a assuré François Hollande en insistant sur la volonté d'"encourager toutes celles et tous ceux qui veulent faire un service civique". Pour Coline Vanneroy, "tout l'enjeu est là" car jusqu'à présent un étudiant en année de césure était considéré comme "décrocheur", il sortait "des radars administratifs de son université.

Moins de 2 jeunes sur 10 osent. Trop chère, pas assez reconnue, trop risquée dans un parcours scolaire ou professionnel déjà tracé, un jeune sur deux se dit tenté par l'année de césure mais seuls 15% d'entre eux sautent le pas, selon une étude Viavoice publiée mardi.

Ils y pensent. Arnaud, 23 ans, étudiant en école de commerce à Lille envisage de faire une année de césure aux Etats-Unis entre ses deux années d'apprentissage. Sa motivation ? "Elargir son réseau, se faire une expérience, mûrir les choses". Ce qui le fait hésiter ? "C'est moins bien payé qu'en CDD ou en CDI". Il table ainsi sur un SMIC cette année-là.

Alizée, 18 ans, est, elle, en 2e année de licences de langues. Après sa 3e année, elle n'aura que 19 ans : "je me vois pas commencer une carrière si jeune", a-t-elle confié à Europe1. Pour elle, faire des petits boulots pendant un an serait une occasion de "prendre le temps, de "réfléchir", de "souffler". Ce qui la retient ? "Mes parents ne comprennent pas parce que eux ont commencé à travailler tôt".

Elle l'a fait. Elodie, elle, a sauté le pas : elle est actuellement en année de césure. Elle fait un service civique à l'association Esprits critiques, une association basée à Lyon qui promeut la liberté d'expression et l'éducation aux médias des jeunes. Après deux ans de prépa, une double licence et une troisième année de lettres modernes, elle explique avoir eu "envie d'autre chose". Elle ne regrette pas cette pause dans ses études qui, dit-elle, a changé sa vision de la société. Aura-t-elle le courage de reprendre ses études ensuite ? "Je suis encore plus déterminée, je veux faire une formation de journaliste", a-t-elle expliqué à Europe1.

Si elle juge son expérience positive, tout n'a pas été simple pour autant : indemnisée 570 euros par mois, l'ancienne boursière n'est pas certaine de l'être à nouveau en reprenant ses études. Et puis, il y a cette absence de statut qu'elle ressent au quotidien pour une place au ciné ou un abonnement de transports : "je ne suis ni étudiante, ni chômeuse, ni salariée". D'après les déclarations du chef de l'Etat, dès l'an prochain, ce ne devrait pu être le cas des jeunes qui osent l'année de césure.