Animaux abandonnés : "il faut reconsidérer nos relations avec eux"

Les refuges sont pleins à craquer.
Les refuges sont pleins à craquer. © MARTIN BUREAU / AFP
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Pour Jocelyne Porcher, directrice de recherche à l'Inra de Montpellier, les abandons records d'animaux de compagnie sont en partie liés à la diffusion d'une "idéologie qui vise à rompre les liens" entre l'homme et l'animal.

En France, les refuges pour animaux débordent. Pour l'expliquer, plusieurs facteurs, notamment la baisse des adoptions. Mais aussi le fait que, s'il y a "de moins en moins d'abandons d'animaux sur la voie publique", les gens se tournent en revanche plutôt vers les organismes spécialisés pour laisser leur chien ou leur chat, explique Reha Hutin, présidente de la fondation 30 Millions d'Amis, sur Europe 1 vendredi.

Des refuges pleins à craquer. Pour cette militante associative, il ne faut pas non plus oublier que les structures d'accueil pour animaux abandonnés sont "aux portes des fourrières pour récupérer un maximum d'animaux afin qu'ils ne soient pas euthanasiés". "Cela explique aussi le fait que les refuges soient pleins à craquer", note-t-elle. 

Un lien par le travail... Mais Jocelyne Porcher, directrice de recherche à l'Inra de Montpellier et auteur de l'ouvrage Vivre avec les animaux, une utopie pour le 21e siècle, a une autre explication. Selon cette ancienne éleveuse de brebis, les gens ont perdu de vue "ce qui fait le lien entre nous et les animaux". Selon elle, ce lien repose avant tout sur "le travail". Autrement dit, chaque animal a une utilité. Si elle apparaît évidente chez les animaux d'élevage, elle est souvent oubliée, argue Jocelyne Porcher, pour les animaux de compagne. "On considère qu'ils sont là et n'ont pas de fonction. Or, ils ont une fonction : justement de nous tenir compagnie", explique la chercheuse.

... qui se perd. Selon Jocelyne Porcher, l'oubli de ce lien est lié à la diffusion d'une "idéologie qui vise à rompre les liens avec les animaux, à laisser penser à nos contemporains que c'est mal de vivre les animaux et qu'ils seraient mieux en liberté". "On dit que c'est mal de manger de la viande, d'élever des vaches, de tuer les veaux, d'avoir des chevaux car il faudrait libérer les animaux", soutient-elle. "Il faut reconsidérer nos relations avec les animaux."

Un argumentaire qui ne convainc pas du tout Reha Hutin. "On ne peut pas continuer à affirmer de manière cartésienne que ces animaux doivent servir à quelque chose. Ils font partie intégrante de la famille", rétorque la présidente de 30 Millions d'Amis.