Alpes-Maritimes : des associations ouvrent illégalement un lieu pour les réfugiés

Les effectifs de migrants accueillis ont fluctué au fil des heures et certains ont repris la route. (Image d'illustration)
Les effectifs de migrants accueillis ont fluctué au fil des heures et certains ont repris la route. (Image d'illustration) © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Contre l'avis de la région Paca, un collectif d’association accueille depuis lundi à Saint-Dalmas-de-Tende des réfugiés érythréens qui franchissent la frontière italienne.

Une cinquantaine de réfugiés érythréens sont hébergés depuis lundi soir à Saint-Dalmas-de-Tende dans un "lieu d'accueil humanitaire de transit" établi par des associations mais dont le département des Alpes-Maritimes et la région Paca ont aussitôt exigé "le démantèlement sans délai". "Sans réponse des pouvoirs publics, gouvernement/préfecture et conseil départemental, qui fuient leurs responsabilités, le collectif Solidarité Roya-Frontière franco-italienne a pris la décision d'ouvrir un lieu d'accueil humanitaire de transit", ont indiqué dans un communiqué ces associations (Cimade, LDH, MRAP, ADN, Habitat et Citoyenneté).
Une petite quinzaine de gendarmes ont pris position dans la journée, "en attente d'instruction", selon la gendarmerie.

Un bâtiment de la SNCF. Les hommes, femmes et enfants, mis à l'abri par les associations dans cet ancien centre de colonie de vacances SNCF de Saint-Dalmas-de-Tende à quelques kilomètres de la frontière italienne, sont originaires d'Erythrée, pays dont les ressortissants ont vocation à demander l'asile en France. Les effectifs ont fluctué au fil des heures et certains ont repris la route. Le bâtiment, en passe d'être vendu, appartient à la SNCF qui va porter plainte. "Nous n'avons pas été sollicités, il y a eu effraction. Ce qui nous inquiète est donc la sécurité du bâtiment, et donc de ses occupants", a indiqué Ivan Bellais, attaché de presse régional de la SNCF.

Opposition à l’accueil de migrants. Le 22 septembre, le département des Alpes-Maritimes à majorité LR avait voté une motion pour s'opposer à l'accueil de migrants en transit à Calais. De son côté, la préfecture n'a identifié aucun lieu dans le cadre du plan gouvernemental de fermeture de la jungle de Calais. "J'appelle le gouvernement à faire respecter la loi en procédant sans délai au démantèlement de ce campement illégal, en expulsant ses occupants et en poursuivant les associations à l'origine de cette action", a réagi de son côté le président LR du département, le sarkozyste Eric Ciotti.

Un "devoir" humanitaire. "Non aux micro-jungle du gvt & aux refuges d'accueil illégaux. Je demande intervention du préfet pour démantèlement immédiat #StDalmasDeTende", a de son côté réagi sur Twitter le président de la région Paca, Christian Estrosi, dénonçant des "associations irresponsables". "On considère qu'il y a des hommes et des femmes qui ont besoin d'aide, donc nous nous portons secours aux gens dans le besoin", a pour sa part expliqué George Faye, membre de Roya Citoyenne. "On ne veut pas défier les autorités, on voudrait qu'elles comprennent. Le département a dit qu'il ne voulait pas de migrants, et pas de mineurs alors que c'est son devoir". "A titre humanitaire, c'est parfaitement légal", a assuré Hubert Jourdan qui, depuis 15 mois, a accueilli plusieurs centaines de migrants chez lui à La-Colle-sur-Loup. Son action lui a valu six heures de garde à vue en septembre.

130.000 arrivées en Italie depuis janvier. Ces associations et Médecins du Monde avaient demandé solennellement le 10 octobre la réouverture de la frontière franco-italienne, que des milliers de migrants franchissent souvent au péril de leur vie, et accusé la France de violer ses propres engagements internationaux, notamment vis-à-vis de l'Italie où plus 130.000 débarquements ont été recensés depuis janvier mais aussi en expulsant des mineurs au mépris de la Convention des droits de l'enfant.