Affaire Maëlys : un an après, le travail titanesque des enquêteurs pour retracer le parcours de Nordahl Lelandais

© PHILIPPE DESMAZES / AFP
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Guillaume Biet, édité par Anaïs Huet , modifié à
Dans la nuit du 26 au 27 août 2017, Maëlys, huit ans, disparaissait. Depuis l'arrestation de son meurtrier présumé, Nordahl Lelandais, les enquêteurs cherchent à tout savoir sur sa vie lors des vingt dernières années.

C'est une affaire qui a bouleversé la France entière. Il y a un an jour pour jour disparaissait Maëlys, huit ans, volatilisée en pleine fête de mariage, à Pont-de-Beauvoisin, en Isère. Après une interminable angoisse pour ses parents, le corps de la fillette a été retrouvé six mois plus tard, sur les indications de Nordahl Lelandais, son meurtrier présumé. Mais de très nombreuses zones d'ombre restent à éclaircir.

La vérité tarde à éclater. "Aujourd'hui, le peu de vérité que nous connaissons dans ce dossier, nous le devons aux trois magistrats instructeurs du tribunal de grande instance de Grenoble, et aussi au travail colossal et méticuleux des enquêteurs. Mais nous ne le devons absolument pas à Nordahl Lelandais qui a froidement refusé de coopérer avec les enquêteurs et la justice", déplore Maître Fabien Rajon, l'avocat des parents de Maëlys, au micro de Nikos Aliagas, lundi matin. Acculé par les preuves, et notamment la tache de sang de Maëlys retrouvé dans sa voiture, Nordahl Lelandais avait fini par reconnaître son implication, mais en évoquant une mort "accidentelle". "Aujourd'hui, on ne sait toujours pas ce qu'il s'est réellement joué au cours de cette nuit du 26 au 27 août 2017", constate le conseil.

Vidéo - Cette nuit où Maëlys a disparu lors d'un mariage

Le parcours de Lelandais passé au peigne fin. Pour l'heure, Nordahl Lelandais est mis en examen pour le meurtre de Maëlys, celui du caporal Arthur Noyer et pour une agression sexuelle sur sa petite cousine de six ans. Et les gendarmes, qui le suspectent d'être un tueur en série, cherchent à savoir s'il est impliqué dans d'autres crimes.

Une cellule d'enquête baptisée "Ariane", basée au service central de recherche criminelle (SCRC) à Pontoise et constituée de sept gendarmes, travaille d'arrache-pied depuis huit mois, à plein temps, pour reconstituer le parcours de vie de Nordahl Lelandais au cours des vingt dernières années. Où vivait-il ? Par où a-t-il pu passer ? À quelle période ? "Il s'agit de la vie administrative d'une personne suspecte, de sa vie judiciaire, sa vie privée, ses déplacements…", détaille le colonel Marc de Tarlé, adjoint au sous-directeur de la police judiciaire à la gendarmerie, au micro d'Europe 1. "Mais vous ne vous limitez pas aux adresses. Vous travaillez plus largement afin de situer la personnalité de l'intéressé, comment il a vécu, sur un certain nombre d'années. De façon à mieux comprendre quelles sont ses motivations et comment il s'est construit cette personnalité", poursuit-il.

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900 dossiers rouverts par les gendarmes. Les enquêteurs se sont aperçus, grâce à ce travail titanesque, que Nordahl Lelandais a sillonné une vingtaine de départements. Ils ont alors décidé de rouvrir toutes les affaires de meurtre non résolues, et toutes les disparitions inquiétantes des vingt dernières années dans cette zone. Au total : 900 dossiers sont actuellement réexaminés par les gendarmes. "On les a tous pris un par un. À ce jour, il en reste encore 120 qui sont en train d'être travaillés. Le but n'est pas d'aller attribuer des faits à une personne donnée. Nous travaillons toujours à charge et à décharge. Notre seul objectif, c'est la recherche de la vérité", assure le colonel Marc de Tarlé. Les enquêteurs veulent répondre à toutes ces familles, pouvoir leur dire si oui ou non Nordahl Lelandais est impliqué dans l'affaire qui les concerne.

Au début de l'été, Nordahl Lelandais est retourné en prison, après cinq mois passés à l'hôpital, en détention médicalisée pour ses troubles psychiatriques. Depuis, il est sous surveillance très régulière, pour éviter qu'il ne mette fin à ses jours.

Lundi soir, une marche blanche est organisée à Pont-de-Beauvoisin, à l'appel des parents de Maëlys.