Affaire Benalla : ce que révèle la deuxième vidéo des violences

La vidéo montre Alexandre Benalla (veste noire et casque à visière) écartant une cycliste qui tente de s'interposer entre lui et une jeune femme.
La vidéo montre Alexandre Benalla (veste noire et casque à visière) écartant une cycliste qui tente de s'interposer entre lui et une jeune femme. © Capture d'écran Twitter
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Filmée depuis l'autre côté de la rue, une deuxième vidéo de la scène impliquant l'adjoint au chef de cabinet d'Emmanuel Macron montre qu'il s'en est d'abord pris à une jeune femme.

Le deuxième angle de vue permet de mieux reconstituer la scène qui alimente une vive polémique depuis mercredi. Après une première vidéo montrant Alexandre Benalla, adjoint au chef de cabinet d'Emmanuel Macron, frappant à de multiples reprises un manifestant au sol en marge des rassemblements du 1er-Mai, un deuxième extrait a été publié sur Twitter, jeudi soir. Tourné depuis le trottoir d'en face, il donne à voir l'attitude de l'employé de l'Elysée dans les secondes précédant et suivant les faits, et suggère qu'une jeune femme a également subi des violences.

Mouvements de "balayette". La vidéo dure environ une minute 30, soit un peu moins que celle filmée par deux militants de la France Insoumise, sur laquelle Le Monde a reconnu Alexandre Benalla. On distingue le collaborateur d'Emmanuel Macron, blouson noir et casque à visière, qui assistait aux opérations de police en tant qu'"observateur". Aux côtés d'un autre homme, il attrape une jeune femme, vraisemblablement manifestante, et la contraint à reculer jusqu'à se trouver dos à un mur. On entend distinctement la femme crier : "aïe".  Alexandre Benalla tente alors de la faire tomber au sol par des mouvements de "balayette". Encadrée par les deux hommes qui la tiennent par les épaules, la femme finit par s'asseoir par terre. Alexandre Benalla repousse ensuite une cycliste, qui semble vouloir s'adresser à la manifestante.

Après plusieurs secondes, l'adjoint au chef de cabinet d'Emmanuel Macron traverse la rue pour se diriger vers le manifestant qu'on le voit frapper sur la première vidéo. La jeune femme, qui semble le connaître, se relève et crie, mais elle est retenue par l'homme resté avec elle. L'extrait avait été retweeté près de 3.000 fois, vendredi matin.

"Agrippée par le cou". Le déroulé des faits semble corroborer le témoignage de l'un des auteurs de la première vidéo. Interrogé par Sud Radio, Taha Bouhafs a raconté avoir d'abord vu Alexandre Benalla "tirer une jeune fille et l'agripper par le cou", alors que les manifestant ne savaient "pas du tout qui c'était". Les images recoupent également le début de la première vidéo, où l'on apercevait la jeune femme au centre de la rue, violemment attrapée par Alexandre Benalla. La scène filmée contre le mur semble être la suite du déroulé des événements et permet d'établir une chronologie plus claire des faits. 

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "violences par personne chargée d'une mission de service public", "usurpation de fonctions" et "usurpation de signes réservés à l'autorité publique", jeudi. Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb doit par ailleurs être entendu par la commission des lois du Sénat "dans les premiers jours de la semaine prochaine". Celle-ci souhaite "entendre ses explications sur les conditions de la participation" d'Alexandre Benalla "aux opérations de maintien de l'ordre lors des manifestations du 1er mai à Paris, ainsi que sur la nature et le cadre institutionnel de la mission qu'il y assumait au nom de l'État, en collaboration avec les forces de sécurité."

 

Une voiture équipée et un permis de port d'armes refusé

De nouveaux éléments publiés par la presse vendredi matin viennent par ailleurs éclairer le profil d'Alexandre Benalla, décrit comme un "Rambo" par certains cadres LREM. Selon Libération, l'homme s'était vu refuser un permis de port d'armes pendant la campagne présidentielle car "les retours sur lui étaient édifiants". BFMTV indique de son côté que la voiture de fonction du collaborateur de l'Elysée était équipée de dispositifs lumineux normalement réservés aux policiers.