Les maires et élus locaux de petites communes sont au premier front lorsqu'il s'agit de gérer la colère populaire. Le maire de Saint-Brevin-les-Pins, Yannick Morez, en est devenu le symbole après l'incendie criminel de son domicile entraînant sa démission. En un an, les agressions verbales et physiques ont augmenté de près de 30%, d'abord et surtout dans les petites communes.
"Il a [dit] qu'il allait me casser la gueule"
Le maire de La Grigonnais, dans la région nantaise, peut en témoigner. "On dit que le maire est à portée de baffes", regrette-t-il. Gwenaël Crahes en a fait l'expérience lorsqu'il s'est retrouvé dans la cour de l'école municipale face à un parent d'élève pour le moins menaçant. "Il a indiqué à ses enfants d'aller dans sa voiture et qu'il allait me casser la gueule. Ça s'est joué à peu de choses", admet l'élu. Mais plus que l'altercation en elle-même, ce qu'il déplore, c'est la suite de la procédure.
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"On a accès à un certain nombre de leviers judiciaires, mais ça traîne"
Car si une plainte pour outrage a bien été déposée depuis, rien de concret n'a été fait. "Ça va faire un an que ça s'est passé, j'ai eu aucun retour. On a accès à un certain nombre de leviers judiciaires, mais ça traîne." Et cette lenteur de la justice, dans les petites communes notamment, soulève un vrai problème. Comment crédibiliser l'autorité d'un maire quand son agresseur, qu'il croise régulièrement, reste impuni pendant près d'un an ?
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"On peut se questionner sur la considération des petits élus. Je me suis questionné avant d'aller porter plainte", reconnaît Gwenaël Crahes. "C'est vrai que ce stress, et on le voit au vu du nombre d'agressions en progression avec ce mandat-là, ne fait pas de la pub pour s'impliquer." Enfin, si le maire se dit malgré tout prêt à poursuivre l'aventure, reste toujours à savoir combien renonceront dans trois ans. "On peut se questionner sur 2026." Depuis les dernières élections municipales en 2020, près de 4.000 élus locaux ont déjà démissionné.