Quand le sous-préfet de Marseille insulte les Kurdes

© MaxPPP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Le directeur de cabinet du préfet de police des Bouches-du-Rhône est sommé de s'expliquer sur ses propos polémiques. 

L'info. Depuis une dizaine de jours, des membres de la communauté kurde manifestent à Marseille. Objectif : interpeller l'État sur l'arrivée des djihadistes de l'État islamique aux portes de la ville kurde de Kobané, en Syrie, et demander à la France de peser sur la Turquie. Mardi, quinze manifestants avaient été interpellés après des incidents près du consulat turc.

Des manifestations peu appréciées par la préfecture de police marseillaise. Une délégation kurde a donc été reçue la semaine dernière à la préfecture de police, donnant lieu à un échange houleux. Le directeur de cabinet du préfet de police, Gilles Gray, a alors dérapé. Il devra expliquer ses propos très polémiques auprès du ministère de l'Intérieur.

"Mettre la merde à Marseille". Car la conversation a été enregistrée par l'un des membres de la délégation. Des extraits ont ensuite été publiés sur le site du quotidien régional La Marseillaise. Parmi les sorties du sous-préfet Gilles Gray, cette invitation aux membres de la délégation kurde à partir combattre au Kurdistan : "Vous avez vos sœurs et vos frères qui sont là-bas, il faut les aider, d’une manière ou d’une autre. Ce n'est pas en faisant les cons sous l’ombrière [installation du Vieux-Port ndlr] que vous allez les aider. Ils ont besoin de kalach, d’hommes".

Après les avoir accusés de "mettre la merde à Marseille", Gilles Gray leur a lancé, au sujet de leur manifestation : "Mais attendez les enfants, les Marseillais s'en foutent ! Franchement, ne croyez pas que les gens s'intéressent à votre cause", a-t-il déclaré. Et de conclure : "ce n'est pas un jugement de valeur, c'est un constat".

SOS Racisme demande des sanctions. L'entretien "a duré plus d'une heure, et au-delà de son objet premier, il s'est poursuivi avec des propos plus informels et plus personnels, tant dans la forme que dans le fond", a expliqué à l'AFP le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Jean-Paul Bonnetain. "Ces propos ne sauraient engager l’État, mais ils posent question car ils sont tenus dans le cadre de l'exercice de fonctions" de sous-préfet et directeur de cabinet du préfet de police, a ajouté Jean-Paul Bonnetain.

Dénonçant dans un communiqué un "manque de solidarité élémentaire" et des propos "d'une violence inouïe et d'une bêtise crasse", SOS Racisme a de son côté demandé que "des sanctions soient prises dans les plus brefs délais" contre Gilles Gray.

>> LIRE AUSSI - Turquie : Kobané vacille, le Kurdistan bouillonne