Xynthia : il reste beaucoup de souffrance

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avec François Coulon , modifié à
- Neuf mois après la tempête, de nombreux sinistrés ont déménagé, dans la douleur.

Le traumatisme est toujours palpable chez les sinistrés, près de neuf mois après la tempête Xynthia. Jeudi, une nouvelle page s’est tournée avec la fin du délai pour accepter ou refuser les propositions de rachat par l’Etat des maisons dans "la zone de solidarité", en Vendée et en Charente-Maritime.

Sur les 799 biens concernés par les propositions de rachat de résidences par l’Etat, 666 propriétaires les ont acceptées, 10 les ont refusées et 123 ne se sont pas encore prononcés. L’Etat a réglé en moins de dix jours toutes les habitations rachetées. Tout a été fait, matériellement.

"Acheter une maison devenait une obsession"

Sur les 666 familles qui ont accepté les propositions de l’Etat à La Faute-sur-Mer et L’Aiguillon-sur-mer, 293 ont déjà vendu leur bien et plutôt à bon prix. La plupart ont souhaité s’installer dans des villes proches. C’est le cas de Chantal Berlemont, dont les deux filles ont failli se noyer dans la nuit du 27 au 28 février dernier. Avec sa famille, elle vient d’acquérir un petit pavillon à La Tranche-sur-mer, mais elle ne voulait pas rester dans les villes sinistrées, car "je ne m’y sens plus du tout en sécurité", explique-t-elle.

"Le problème, c’est que tous les sinistrés se jetaient sur toutes les maisons", raconte Chantal Berlemont. "Dès que les gens ont eu l’argent, on a tous visité des maisons et ça devenait, pour nous, une obsession", se rappelle-t-elle. Mais pour sa famille aujourd’hui, "c’est une nouvelle vie" qui commence.

"Psychologiquement, cette maison nous aide beaucoup" :

La plupart des sinistrés relogés n’arrivent pas à tourner la page. Un désarroi général règne. A l’image de Louisette Guichard, une femme de 67 ans, ils sont nombreux à ne pas retrouver leurs marques, après avoir perdu leur maison, mais aussi beaucoup d’amis.

"On était rendu à la quatrième génération, c’était un quartier familial. Et ca on l’a perdu", déplore Louisette Guichard avant d’ajouter : "pour nous, c’est dur". Installée dans une nouvelle demeure, elle n’arrive pas à passer à autre chose : "Là, on a trouvé cette maison, mais pour l’instant c’est une maison", simplement.

"On est déracinés" :

Comme Louisette Guichard, beaucoup de sinistrés sont encore hantés par les images terrifiantes qu’ils n’arrivent pas à gommer de cette nuit de fin février. Ils se réveillent souvent en plein sommeil, comme Annie Nicolaizeau qui vient de s’installer à Angles. Elle avoue ne plus dormir "[sa] pleine nuit sans [se] réveiller".

"J’ai encore des moments de panique" :

Les psychologues le reconnaissent tous : il faudra des années à ces sinistrés pour se reconstruire petit à petit.

La tempête Xynthia a fait 47 morts le 28 février dernier en Vendée et Charente-Maritime, dont 29 morts à La Faute-sur-mer.