Vol AF 447 : une chute de 3 minutes 30

Les pilotes du vol AF447 ont lutté pendant plus de quatre minutes avec les commandes.
Les pilotes du vol AF447 ont lutté pendant plus de quatre minutes avec les commandes.
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avec agences , modifié à
Le BEA a rendu public vendredi le déroulé des dernières minutes du vol Air France Rio-Paris.

Les pilotes du vol AF 447 d'Air France ont lutté le 1er juin 2009 pendant plus de quatre minutes avec les commandes de l'appareil avant qu'il s'abîme dans l'Atlantique. C'est ce qui ressort du document du Bureau d'enquêtes et d'analyse (BEA) chargé de l'enquête et qui a été publié vendredi.

"L'équipage s'est battu"

D'après le consultant aéronautique d'Europe 1 Bernard Chabbert, le document montre que "l'avion a décroché probablement en étant piloté par l'équipage qui a essayé de contrer un certain nombre d'informations aberrantes en provenance des sondes pitot".

"L'équipage s'est battu pour essayer de sortir l'avion de son décrochage" sans y parvenir :

Deux vitesses différentes affichées

Peu après être entré dans une zone de plus fortes turbulences, ce dont l'équipage avait été informé, les pilotes ont eu des informations de vitesse contradictoires sur leurs écrans pendant un peu moins d'une minute, l'une d'elles indiquant "une chute brutale de la vitesse", a indiqué vendredi le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA).

L'une des dernières phrases du copilote dit d'ailleurs toute son impuissance : "je n'ai plus aucune indication", lâche-t-il tandis que le commandant renchérit : "on n'a aucune indication qui soit valable". Deux minutes et 28 secondes plus tard, ce sera la fin des enregistrements.

Tout a basculé en quelques minutes

D'après Bernard Chabbert, il est "évident" que les passagers, à l'instar de l'équipage, ont réalisé qu'il y avait un problème. D'après lui "c'était un vol normal" et "en quelques minutes, le cockpit s'est transformé en une cacophonie d'alarmes". "Tout ça a dû être effroyable et difficile à comprendre" pour les pilotes, analyse le consultant aéronautique d'Europe 1.

"Les avions modernes sont censés être protégés contre les décrochages. Et les simulateurs ne savent pas simuler les décrochages", a aussi expliqué le spécialiste de l'aéronautique. "Cette affaire va être une affaire énorme car elle pose la question de l'autorité d'un équipage sur un avion énorme", a-t-il souligné.

"Les moteurs ont fonctionné"

D'après le document du BEA, le pilote a mis "environ 1 mn 30" à revenir dans le poste de pilotage "après le désengagement du pilote automatique". Ce qui est "assez rapide", selon le consultant aéronautique d'Europe 1 Bernard Chabbert. On savait déjà qu'au moment de l'événement, le commandant de bord était en repos tandis que les deux copilotes se trouvaient dans le cockpit.

Après le désengagement du pilotage automatique, l'A 330 d'Airbus est monté jusqu'à 38.000 pieds, puis l'alarme de décrochage s'est déclenchée et l'avion a décroché. "Les ordres du pilote en fonction ont été majoritairement de cabrer", souligne le BEA, précisant que la descente a duré 3 mn 30 pendant lesquelles l'avion est resté en situation de décrochage. "Les moteurs ont fonctionné et toujours répondu aux commandes de l'équipage".