Vivre au camping: vers la tolérance zéro?

Une caravane dans un camping.
Une caravane dans un camping. © MAXPPP
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avec Emilie Denêtre , modifié à
Un député UMP veut en finir avec cette pratique. Les intéressés dénoncent "une chasse aux pauvres".

Avec la flambée des loyers, près de 80.000 personnes vivent de manière permanente dans un camping en France. Officiellement, ce mode de logement est interdit. En réalité, il était toléré depuis des années… Mais les résidents permanents dans des caravanes ou mobil-home ont du souci à se faire avec la proposition de loi du député UMP Jean-Louis Léonard. Adoptée à l'unanimité à l'Assemblée Nationale le 16 novembre dernier, elle vise à durcir les contrôles pour éviter toute résidence permanente en camping. Argument mis en avant : "éviter les bidonvilles".

"Avec le salaire que l'on a, ce serait la panique"

Au camping de la Sablière à La Ferté Alais en Essonne, cette "chasse aux pauvres" passe mal. Rencontrés par Europe 1, Patricia et Eric, un couple de smicards avec une adolescente à charge, connaissent des fins de mois difficiles et la vie en mobil-home est la seule solution qu'ils ont trouvée.

 "Trouver quelque chose comme ça du jour au lendemain, ce n'est pas possible. Je ne me vois pas payer des loyers de 700 voire 800 euros par mois. Avec le salaire que l'on a, ce serait la panique", a confié la mère de famille, très inquiète de la proposition de loi.

"On n'embête personne"

Voilà 11 ans que Jules, un médecin à la retraite rencontré par Europe 1, vit au camping. Comme la plupart des résidents permanents, pour lui aussi la solution d'urgence s'est finalement éternisée. Très remonté, il dénonce : "ils font tout pour empêcher des petites gens qui n'embêtent personne, qui restent tranquilles dans leur coin. Si on nous fout à la porte d'ici qu'est ce que vous voulez que l'on fasse ? Se mettre dans la rue. Ils veulent nous éliminer carrément".

"Redonner aux campings leur vocation touristique", l'argument du député UMP a décidément du mal à passer à la Sablière. La quinzaine de résidents n'espèrent maintenant qu'une seule chose : que le texte soit retoqué au Sénat en février.