Viguier : incohérences autour du matelas

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avec Fabienne Le Moal et agences , modifié à
Le matelas où dormait Suzanne Viguier a été au centre des débats jeudi au 9e jour du procès.

C’est sans conteste l’une des pièces maîtresses de l’accusation. Un élément à charge pour Jacques Viguier.. La cour d’assises d’Albi a continué l’examen des faits jeudi avec l’énigme du matelas, que Jacques Viguier dit avoir jeté dans une déchetterie. Un canapé-lit sur lequel dormait depuis plusieurs mois Suzanne Viguier, disparue en février 2000, le couple faisant chambre à part.

Pourquoi avoir agi ainsi ?

"Ce qui est gênant lorsqu'on lui demande pourquoi il a fait disparaître ce matelas c'est qu'il va fournir des explications différentes et qui vont changer au fil du temps", a indiqué Me Francis Szpiner, avocat d'une partie civile, devant la Cour. Durant ses différentes auditions devant les enquêteurs, le professeur de droit toulousain a tour à tour indiqué avoir jeté le matelas du clic-clac où dormait son épouse car il était inconfortable puis parce qu'il symbolisait l'infidélité de son épouse.

Avant de jeter le matelas "saviez-vous que M. Durandet était l'amant de votre épouse ?", l’a interrogé Me Szpiner. "Non", lui répond Jacques Viguier. "Un amant inconnu serait alors venu avoir des relations sexuelles sur ce matelas", a conclu l'avocat. "Oui, je suis souvent absent, ma maison est un moulin et tous ces hommes qui défilent ça commençait à m'énerver", a rétorqué Jacques Viguier, entraînant un moue dubitative de Me Szpiner. "M. Viguier pris d'accès de vertu et brusquement pourfendeur de l'adultère, discipline qu'il a beaucoup pratiqué, je trouve que ça n'est pas très convaincant", a alors jugé après coup l'avocat.

Le bon matelas ?

Deux matelas ont été présentés devant la Cour. L'un correspondait au modèle du clic-clac, dont l'original n'a jamais été retrouvé car un incendie est survenu dans la déchetterie le lendemain où Jacques Viguier a jeté le matelas. L'autre, que le professeur de droit dit "reconnaître" est semblable à celui que les enquêteurs lui ont présenté en mars 2000, un fin matelas de mousse retrouvé à la déchetterie. "Vous saviez pourtant comment il était ce matelas, vous l'avez manipulé", s’est étonné le président du tribunal Richiardi. "Sur le moment cela me paraît être une évidence, je fais confiance à la police", a tenté d’expliqué Jacques Viguier. "Après, quand je vois les deux, ils sont effectivement différents", a-t-il admis.

Souvent hésitant, Jacques Viguier a tenté de se défendre par moments avec conviction : "s'il n'y avait pas eu cet incendie dans la déchetterie, je ne serais pas là", a-t-il dit. "Et puis le traversin trouvé dans le coffre du clic-clac et qui n'a pas été lavé prouve mon innocence", a-t-il lancé. Qu'importe pour Me Szpiner, "les explications de Jacques Viguier ne sont pas claires". Pour l'avocat, laver les draps et jeter le matelas "s'inscrit dans la logique de faire disparaître les preuves du crime".