Une famille victime d'un "thérapeute"

Les parties civiles ont décrit l'emprise quasi-sectaire qu'avait le psychothérapeute sur eux.
Les parties civiles ont décrit l'emprise quasi-sectaire qu'avait le psychothérapeute sur eux. © MAXPPP
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avec Aude Leroy , modifié à
Une femme, aujourd'hui sur le banc des victimes, avait été poussée à consulter par son père.

Il est décrit par ses anciens patients comme un "gourou".  Le procureur a requis jeudi contre Benoît Yang Ting 18 mois de prison avec sursis, assortis de 100.000 euros d'amende, arguant qu'il s'agissait bien d'un cas "de manipulation mentale". Après trois jours de procès, la méthode des souvenirs induits, employé par le thérapeute, a été évoqué pour la première fois devant un tribunal. En clair, le gourou créait chez ses victimes de faux souvenirs qui avaient été refoulés tels que des viols par leurs parents ou des tentatives d'avortement de leur mère.

Pour les victimes, auxquelles le "gourou" aurait soutiré plus d'un million d'euros, ce procès est pénible mais nécessaire. C'est le cas de Sophie qui a été sous son emprise pendant 12 ans. Elle a connu le psychothérapeute à 19 ans, après le décès de sa mère. Elle raconte comment elle a été poussée vers lui par son propre père qui s'était, à l'époque, remarié avec la sœur cadette du thérapeute.

12 ans "sans contacts avec ma fille":

"je me sens un peu coupable"

Le gourou a fortement marqué l'histoire de cette famille. "Pendant douze ans, je n'avais plus aucun contact avec ma fille", a-t-il confié au micro d'Europe 1. Ses relations étaient particulièrement houleuses à l'époque avec Sophie. "Elle m'envoyait des lettres qui étaient absolument grotesques, lamentables, enfin quelque chose de très difficile à supporter. 'Tu n'es pas mon père, tu ne t'occupes pas moi, tu m'as complètement abandonnée' et puis, en plus, quand j'ai découvert dans son témoignage que je l'avais violée à l'âge de quatre ans, ainsi que sa sœur, je me sens un peu coupable d'avoir abandonné mes filles et d'être parti en Martinique", a-t-il ajouté.

"il a pris ça sereinement"

Alors que le psychothérapeute est absent du procès pour raisons médicales, Sophie, la victime, souhaitait absolument venir afin de connaître toute la vérité. Lors du procès, elle n'a exprimé aucune rancœur à l'égard de son père.  "Ça m'inquiétait un peu pour lui parce que c'est quelqu'un d'assez colérique. Il a aussi été victime de toute cette famille puisqu'il est en procédure de divorce avec la sœur de Benoît Yang Ting. J'avais peur qu'il ne se contrôle pas, qu'il ait envie de crier puis finalement, il a vu que ça se déroulait bien. Je pense qu'il a pris ça sereinement", a-t-elle précisé sur Europe 1.

Père et fille attendent la condamnation du psychothérapeute. La décision doit être rendue le 12 juin prochain.