Une enquête sur Florence Woerth

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avec Pierre Rancé , modifié à
Le procureur de Nanterre veut vérifier les conditions de son embauche par Liliane Bettencourt.

C’est son plan d'attaque. Le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, a fourni à sa hiérarchie du parquet général de Versailles un rapport daté du 23 juin dans lequel il y détaille les investigations qu’il compte faire à partir des enregistrements clandestins captés au domicile de Liliane Bettencourt, l’héritière de L’Oréal.

Enquête sur la forme...

Sur la forme, la première priorité sera de vérifier l’authenticité de ces enregistrements pirates, d’écarter des coupes éventuelles. Une expertise technique portant sur les 28 CD-Rom a d’ores et déjà été lancée. Les résultats pourraient être connus dans les tout prochains jours.

Philippe Courroye tient aussi à éclaircir les conditions dans lesquelles les enregistrements ont été réalisés : par qui ? pour le compte de qui ? et pourquoi ? Selon les premiers éléments recueillis par les enquêteurs, un ancien maître d’hôtel les aurait captés, puis transmis pour information à Françoise Bettencourt-Meyers, la fille de Liliane Bettencourt, qui aurait simplement alerté la police. L’héritière de L’Oréal affirme cependant que sa fille est derrière "l’espionnage".

... et sur le fond

Une fois cet embrouillamini solutionné, Philippe Courroye veut ne négliger aucune des pistes ouvertes par les enregistrements pirates, notamment les soupçons d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent.

Dans sa ligne de mire également : le couple Woerth, rapporte Le Monde. Dans un des enregistrements clandestins de ses conversations, Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, déclare le 23 avril 2010 à l’héritière de L’Oréal, à propos de l'embauche de Florence Woerth : "J'avoue que quand je l'ai fait, son mari était ministre. Il m'a demandé de le faire. Je l'ai fait pour lui faire plaisir".

Florence Woerth dans la ligne de mire

Florence Woerth a été embauchée fin 2007 chez Clymène, la société gérant la fortune de Liliane Bettencourt, dirigée par Patrice de Maistre, l'homme de confiance qui est également dans le collimateur. Alors qu'il disposait d'éléments du parquet laissant deviner une évasion fiscale de Liliane Bettencourt début 2009, Eric Woerth, alors ministre du Budget, n'a engagé aucune procédure contre la milliardaire.

Florence Woerth a quitté la société Clymène après le début de l'affaire, mi-juin. Elle a ensuite reconnu avoir "sous-estimé le confit d'intérêt" à propos de son emploi chez Clymène.

La ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, a annoncé dimanche sur Europe 1 qu'elle ne s’opposerait pas à cette enquête.