Un vigneron bio poursuivi pour son étiquette "Anjou"

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avec Pierre-Baptiste Vanzini
Olivier Cousin avait ajouté la mention sur ses bouteilles. Problème : il ne travaille pas dans les normes du cahier des charges de l'AOC.

L'INFO. Son vin est référencé par de grands cavistes et restaurants du monde entier. Olivier Cousin est pourtant poursuivi mercredi devant le tribunal correctionnel d'Angers, pour avoir indiqué la mention "Anjou" sur ses bouteilles. Problème : ce terme est réservé aux membres de l'Appellation d'Origine Protégée (norme européenne, équivalente AOC en France). Un club fermé que le vigneron bio de Martigné-Briand, dans le Maine-et-Loire, a quitté, estimant que la qualité du vin n'en est pas une garantie.  Mercredi après-midi, il devra répondre de pratique commerciale trompeuse. Il risque une amende de 37.500 euros et jusqu'à deux ans de prison.

"Le terme historique de ma région viticole". Chez Olivier Cousin, pas de chimie ni de tracteur dans les vignes. Le viticulteur travaille à l'ancienne, avec ses chevaux de traits et l'aide de la nature. C'est d'ailleurs tout naturellement que le vigneron a inscrit "Anjou" sur l'une de ses cuvées. Mal lui en a pris : cette mention est réservée aux membres de l'AOC. "Quand j'ai mis Anjou, je n'ai jamais pensé que cela pouvait se confondre avec l'appellation d'origine contrôlée. Pour moi, c'est le terme historique de ma région viticole", confie le vigneron au micro d'Europe 1. Mercredi après-midi, Olivier Cousin est donc jugé pour 2.800 bouteilles étiquetées "Anjou".

"J'ai ajouté la mention 'paysan angevin'". Depuis ses déboires judiciaires, l'homme a changé pour une appellation géographique a priori inattaquable : "Vin d'ici", lâche-t-il avec une pointe d'ironie. "Après, il faut prendre une carte pour regarder où est Martigné", poursuit-il. En réalité, tous les termes valorisant un vin, tels que "château", "clos" ou "domaine", sont réservés aux vignerons qui travaillent dans les normes de l'AOC. Alors pour ses étiquettes, Olivier Cousin a du trouver autre chose, en forme de pied de nez : "j'ai mis la 'Maison Cousin'. J'ai réellement une maison et j'ai essayé de me rapprocher du vrai. J'ai également ajouté la mention 'paysan angevin' puisque je ne pouvais pas mettre 'Anjou'".

"Nous, on a juste envie de vivre ". "Les gens me demandent pourquoi je ne fais pas de l'AOC. On a tous les droits avec l'AOC. Et ça fait de l'argent. Nous, on a juste envie de vivre. Les gens me demandent si je gagne ma vie… Je ne sais pas mais en tout cas j'ai une belle vie".  Olivier Cousin prend la route mercredi matin avec ses charrettes et ses barriques pour aller devant le tribunal d'Angers où un pique-nique de soutien est organisé à la mi-journée.