Un tétraplégique jugé 15 ans après

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avec AFP , modifié à
Jugé pour le meurtre de son épouse, l’homme de 56 ans menait une vie normale en région parisienne.

Accusé du meurtre de sa compagne, ce tétraplégique a échappé pendant 15 ans à la police. Aujourd’hui âgé de 56 ans, l’homme comparaît lundi et mardi devant les assises de Côte-d'Or pour avoir assassiné sa jeune épouse et tenté d'assassiner leur fils de trois ans, en 1996.

L'audience devait initialement se tenir en septembre. Mais l'accusé, qui comparaissait libre, ne s'était pas présenté devant la cour qui avait donc reporté le procès. Le quinquagénaire avait été interpellé deux jours plus tard dans un hôtel de la région parisienne et placé en détention provisoire.

Tétraplégique trois ans après les faits

L'affaire remonte au 21 décembre 1996. Appelés pour un différend familial, les policiers de Dijon découvrent le corps d'une femme de 27 ans, tuée d'un coup d'arme blanche derrière l'oreille et de deux tirs d'une arme de gros calibre. A quelques mètres gisait son fils de trois ans, blessé par balle aux jambes.

Le père, lui, avait disparu. En dépit d'un mandat d'arrêt, il est parvenu à se faire oublier pendant quinze ans. Trois ans après le meurtre, l’homme est devenu tétraplégique à la suite d'une chute qui l'a contraint à se déplacer en fauteuil roulant, indique Le Figaro. Fréquemment hospitalisé, il n’avait pourtant jamais été inquiété par la police.

15 ans en fuite sans changer d’identité

Pour les avocats de la défense, Me Virginie Nunes et Me Jean-Baptiste Gavignet, la réponse est simple : leur client n'a jamais vraiment été recherché par la police. "Depuis 2001, il a des comptes bancaires, la même adresse à Saint-Ouen, il percevait l'allocation adulte handicapé, votait aux élections", avaient-ils souligné à l'issue de l'audience avortée de septembre.

"C'est quand même atypique qu'il ait pu s'enfuir et rester autant de temps dans l'anonymat", a déploré Me Brigittte Ruelle Weber, l'avocate du fils de l'accusé, qui n'a pas revu son père depuis 1996. Finalement, le père de famille a été interpellé à la sortie de l’hôpital, en région parisienne, en janvier 2011. Puis laissé libre jusqu'à ce qu'il ne se présente pas à son procès.

Magistrats et jurés tenteront de comprendre comment il a ainsi pu échapper aux enquêteurs sans changer d'identité. Le procès devrait être l'occasion d'entendre pour la première fois la version de l'accusé. Condamné par contumace en 2002 à 30 ans de réclusion criminelle, il n'a encore  jamais été auditionné. "Est-ce qu'il va reconnaître sa culpabilité ? s'interroge Me Ruelle Weber. On peut en douter". Verdict mardi.