Un conducteur condamné pour la mort accidentelle d'un foetus

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avec AFP
JURISPRUDENCE - Le tribunal de Tarbes vient de se démarquer en condamnant cet automobiliste pour homicide involontaire sur un foetus.

Le tribunal correctionnel de Tarbes vient de se démarquer d'une certaine jurisprudence. Il a en effet condamné un automobiliste pour homicide involontaire sur un foetus dont il avait renversé la mère enceinte. L'automobiliste a été condamné mardi à trois ans de prison avec sursis et à trois ans d'annulation de son permis de conduire, ainsi qu'à 300 euros d'amende pour vitesse excessive. Une décision conforme aux réquisitions du parquet, a déclaré jeudi le procureur de Tarbes, Chantal Firmigier-Michel, confirmant des informations de la Dépêche du Midi.

Le conducteur perd le contrôle du véhicule. En janvier 2012, l'automobiliste avait perdu le contrôle de sa voiture et avait fauché la jeune femme, enceinte de six mois et demi, alors qu'elle se trouvait sur le trottoir. Elle avait alors subi de nombreuses blessures et avait perdu son foetus. A l'époque, l'automobiliste était sous traitement médicamenteux pour soigner une dépression et avait bu deux verres de vin.

Le foetus "mort du fait de l'accident". S'appuyant sur les expertises médicales, le ministère public a considéré que le foetus était "viable" et qu'il n'était "mort que du fait de l'accident", à cause "du choc du foetus contre la paroi utérine", a ajouté la magistrate. La Cour de cassation a pourtant estimé dans plusieurs arrêts que l'incrimination d'homicide involontaire d'autrui ne pouvait être étendue à l'enfant à naître. Un arrêt du 25 juin 2002 établissait que "le principe de la légalité des délits et des peines, qui impose une interprétation stricte de la loi pénale, s'oppose à ce que l'incrimination d'homicide involontaire s'applique au cas de l'enfant qui n'est pas né vivant".

Par soucis d'apaisement, l'automobiliste ne fait pas appel. Le parquet ne fera pas appel de la décision du tribunal, pas plus que la défense de l'automobiliste. Celle-ci refuse délibérément d'invoquer la jurisprudence de la Cour de cassation dans un souci d'apaisement et d'humanité vis-à-vis de la mère et de son client. "Le droit, c'est aussi traiter les humains, ce n'est pas que l'application des textes", a déclaré sa défense, expliquant avoir fait un "choix philosophique", afin que l'automobiliste qui éprouve depuis un fort sentiment de culpabilité puisse tourner la page et que la victime puisse "faire son deuil". La mère a donné un nom à son enfant et l'a enterré, a souligné cette avocate.