Tempête : après le bilan, la polémique

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Fabienne Cosnay (avec agences) , modifié à
SPECIAL TEMPETE - Constructions en zones inondables et problème des digues sont évoqués.

Deux jours après la catastrophe, la polémique enfle. Avec une interrogation : la tempête Xynthia aurait-elle pu être moins meurtrière ?
La catastrophe est imputée à la conjonction de trois phénomènes: des vents très violents allant jusqu'à 160 km/h, des marées très fortes et une dépression qui a accentué encore la montée des eaux.

Le problème des digues. La rupture de digues sur la façade Atlantique a entraîné de nombreuses noyades dans les habitations, situées dans des lotissements construits à proximité de la mer. Le chef de l'Etat a confié à Jean-Louis Borloo une réflexion sur un plan de renforcement des digues, destiné à faire l’analyse de leur solidité, de leur adaptabilité à la situation d'aujourd'hui.

Sur les 7.000 à 10.000 km de digues en France, dont certaines ont été construites au XVIIe siècle, environ 1.000 km peuvent être considérés comme "à risque", selon un premier bilan établi par la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Chantal Jouanno.

Urbanisation du littoral. En ligne de mire également : les permis de construire accordés dans des zones côtières. La tempête Xynthia a remis un coup de projecteur sur les règles de construction dans les zones inondables où 100.000 logements ont encore été édifiés depuis la tempête de 1999, ceci malgré les risques encourus. Une politique dénoncée par Philippe de Villiers qui a estimé que le problème résidait plutôt dans des normes de construction pas assez sévères. "Partout où la terre est au niveau de la mer, il est prudent de construire plus loin", a déclaré lundi le président du conseil général de Vendée.

Exemples édifiants. A l'Aiguillon-sur-Mer et la Faute-sur-Mer, où 26 morts ont été recensés, les risques étaient connus. Une étude menée par la DDE de Vendée en 2008 considère la commune de la Faute-sur-Mer comme une zone sensible construite "sur de vastes espaces gagnés sur la mer, ne tenant pas compte de la mémoire du risque". Dans son rapport, le direction s'inquiétait déjà des risques encourus en cas de forte tempête: "Plus de 3 000 maisons sont construites derrière ces digues en terre (...) 40 000 personnes fréquentent quotidiennement la commune en été. La rupture des digues sur ce secteur engendrerait des dégâts majeurs aux biens et aux personnes".

Ce qui devrait changer. Deux jours après le drame, l’heure est aux bonnes intentions : une "réflexion va être engagée sur le plan de l'urbanisme pour qu'une catastrophe de cette nature ne se reproduise plus", a promis lundi Nicolas Sarkozy, au cours de son déplacement à La Rochelle. Quelques heures auparavavant, c’est la secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie, Chantal Jouanno, qui avait haussé le ton estimant qu'il fallait "durcir les règles" car "il y a des zones où on ne peut absolument pas construire".

Ce que prévoit la loi. Les Plans de prévention des risques naturels (PPRN), créés en 1995, ne visent à interdire les constructions que dans les secteurs les plus dangereux, très minoritaires dans les quelque 7.500 communes (sur un total de 36.000) qui ont de tels dispositifs. Surtout, ces plans de prévention ne prévoient pas la démolition des constructions datant d'avant 1995, même les plus exposées.