Suicide d’un détenu : l'Etat condamné

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SC avec Fabienne Le Moal , modifié à
Sept minutes s’étaient écoulées avant que les surveillants puissent intervenir, trop tard.

L’Etat français a été condamné à indemniser la famille d’un détenu qui s’est suicidé il y a deux ans et demi. Le tribunal administratif a considéré qu’il y avait eu un "défaut d’organisation" à la prison de Rouen où les surveillants ont mis trop de temps à intervenir.

Le surveillant a vu la scène à travers l’œilleton

David, âgé de 21 ans, avait bien été repéré comme suicidaire, et même placé dans une cellule du service médical. Il faisait l’objet de rondes régulières et pourtant, cette nuit du réveillon, le surveillant qui l’a vu en train de se pendre avec la housse de son matelas, en regardant à travers l’œilleton, n’a rien pu faire pour le sauver.

Le surveillant n’a fait que respecter le règlement en appelant son gradé. Il ne disposait pas lui-même des clés de la cellule, ce qui est interdit pour des raisons de sécurité. Il a fallu sept minutes aux deux hommes pour franchir les grilles et ouvrir la porte.

"Pas d’erreur humaine"

Pour Maître Noël, l’avocat de la famille de David, "le tribunal a remarqué de façon très juste qu’il n’y avait pas d’erreur humaine et que tout le monde avait réagi aussi vite qu’il le pouvait." Il explique à Europe 1 que "ce qui est en cause, et c’est là où l’Etat a été condamné, c’est qu’on est face à une organisation qui, en soi, comporte un dysfonctionnement. Quel que soit le nombre de rondes qui auraient été organisées, ce n’était pas le problème, puisque précisément, l’acte suicidaire est arrivé au moment où une ronde passait devant la porte."

16.000 euros d’indemnisation

Et de rappeler que "le surveillant le voyait en train de mourir, il le voyait accroché à son drap, sauf qu’ils ont été impuissants pour intervenir à temps."

L’Etat a donc été condamné à verser à la famille du détenu 16.000 euros et le remboursement des frais d’obsèques. Le taux de suicide en prison a été multiplié par cinq depuis 1945.