Retraites : cotiser plus longtemps ?

Des millions de personnes étaient descendues dans la rue partout en France pour manifester contre la réforme des retraites votée l'an dernier.
Des millions de personnes étaient descendues dans la rue partout en France pour manifester contre la réforme des retraites votée l'an dernier. © MAX PPP
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avec Mélanie Taravant , modifié à
Le Conseil d'orientation pourrait préconiser mercredi un allongement de la durée de cotisation.

Quelques jours à peine après l’entrée en vigueur de la très contestée réforme des retraites, la pilule risque d’être difficile à avaler. Le Conseil d'orientation des retraites (COR) devrait rendre mercredi un avis préconisant un nouvel allongement de la durée de cotisation nécessaire pour une pension à taux plein, a affirmé le Figaro dimanche sur son site Internet.

Raphaël Hadas-Lebel, le président du COR, a tenu à rappeler que cet "avis technique" remis mercredi n'était "en aucune manière une préconisation", seulement "un constat factuel dans le cadre du dispositif législatif et réglementaire en vigueur".

Prévu par la réforme "Fillon" de 2003

Dans un premier temps, ce sont les générations nées à partir de 1955 qui devraient être concernées. Elles devraient bientôt cotiser un trimestre de plus. Ceux qui ont moins de 56 ans aujourd'hui, devraient donc devoir travailler 41 années et 5 mois au minimum.

Ce chiffre résulterait d'une "application mathématique" de la réforme Fillon de 2003, qui prévoit que la durée de cotisation doit être relevée quand l'espérance de vie à 60 ans augmente. Si le gouvernement décidait de suivre un tel avis, il devrait publier en décret en ce sens avant la fin de l'année. Le ministère du Travail n'a pas souhaité réagir, dans la mesure où le COR n'avait pas encore rendu son avis.

La durée de cotisation est actuellement de 40 ans et trois trimestres (pour la génération 1951) et doit passer en 2012 à 41 ans (pour la génération 1952). La réforme des retraites de 2010 a prévu qu'elle passerait ensuite à 41 ans et un trimestre en 2013 (pour les générations 1953 et les suivantes).

Les jeunes générations touchées de plein fouet

Les plus touchés par cette réforme risquent d'être les plus jeunes générations. En effet, si l'espérance de vie continue de s'allonger, les durées de cotisations vont elle aussi grimper. "Les gens qui ont 25 ans aujourd’hui ne partiront jamais en retraite à 62 ans. Si on débute le travail à 25, plus 42 ans de cotisations, ça fait déjà 67 ans", a rappelé au micro d’Europe 1 Daniele Karniewicz, présidente de la CNAV (Caisse nationale d'assurance vieillesse).

Cette dernière met en garde. "A un moment donné, il faudra cadrer sur l’âge et arrêter de faire dérouler le compteur des annuités parce que ce sera trop difficile comme condition de départ à la retraite pour les plus jeunes".

"Ce sera trop difficile pour les plus jeunes" :

"La double peine"

Pour Eric Aubin, spécialiste des retraites à la CGT, ce dispositif est inacceptable. "C’est la double peine puisqu’après le recul de l’âge légal de départ en retraite, on va devoir cotiser plus longtemps pour devoir toucher une retraite à taux plein. Alors que l’on sait que la question de l’emploi est une question majeure dans ce dossier-là. Les seniors ont vu leur chômage augmenter de 15% dans l’année que l’on vient de vivre", a-t-il rappelé.

"On est en train de faire une politique de gribouille. Pour combler un trou, on en creuse un autre", déplore pour sa part Philippe Pihet, secrétaire confédéral en charge des retraites à Force ouvrière, au micro d'Europe 1. "C'est le gouvernement qui prendra ses responsabilités, nous on prendra les nôtres. Dans le cas d'un vote sur un avis technique, nous voterons évidemment contre".

 

Jeudi, les experts Europe 1 répondront à toutes vos questions concernant le régime des retraites et l’entrée en vigueur de la réforme du 1er juillet. En partenariat avec Maximis Retraites. Plus d'informations sur experts.europe1.fr