Radioactivité : toutes nos réponses

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avec agences , modifié à
Les masses d'air contaminé arrivent en France. Sans danger pour notre santé. Décryptage.

D’après les informations collectées et modélisées par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), le panache radioactif en provenance de la centrale Fukushima, au Japon, devrait atteindre la France au plus tôt jeudi. Puis, il faudra compter plusieurs jours pour mesurer ces particules à l'aide d'outils très pointus. Sommes-nous en danger ? Europe1.fr fait le point sur la situation.

La radioactivité sera-t-elle forte ? D’après la modélisation de l’évolution du nuage radioactif en France, l’IRSN a établi que les concentrations attendues à terme, en France, "pourraient être de l’ordre de 0,001 becquerel par mètres cube". A titre de comparaison, l’institut rappelle les valeurs mesurées au cours des jours suivant l’accident de Tchernobyl. En 1986, elles "étaient de l’ordre de 1 à 10 becquerels par mètres cube", dans l’Est de la France, région la plus touchée. Concrètement, " les retombées radioactives consécutives au passage des masses d’air en provenance du Japon devraient être 1.000 à 10.000 fois inférieures à ce qui a été observé en France après l’accident de Tchernobyl", selon l’IRSN. Les premières mesures fiables n’interviendront que dans une semaine, lorsque des prélèvements d’air auront été analysés en laboratoire.

Cette menace va-t-elle planer longtemps ? L'IRSN estime que des particules vont continuer à arriver durant plusieurs jours, peut-être des semaines, voire des mois, le temps de la dispersion. D'autant que cela dépendra des évènements à Fukushima. Mais ce sera toujours sans risque pour la santé, précise l'IRSN.

Peut-on parler de "nuage" radioactif ? "Il n’y a pas de nuage à proprement parler", répond Jean-Marc Pérès, en charge de la surveillance de la radioactivité dans l'environnement à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. "Il se peut qu’il y ait des particules dispersées dans l’air qui traversent la France. Ce sont des particules qui se dispersent dans des masses d’air énormes, importantes, plusieurs kilomètres d’épaisseur en hauteur et plusieurs milliers de kilomètres en largeur. Donc, on va avoir une concentration de particules extrêmement faible qui va arriver sur l’Europe et sur la France", assure ce spécialiste.

Des retombées sans danger pour la santé

Y a-t-il un risque pour la santé ? Au vu de la faible teneur en radioactivité du panache, les spécialistes de l’IRSN sont formels. "Ces retombées seront sans conséquence pour la santé des Français et pour l'environnement", assure l’IRSN. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et l'organisation indépendante Criirad estiment aussi toutes deux que la distance entre la France et le Japon via les océans Pacifique et Atlantique, soit environ 15.000 km, rendent le risque négligeable.

Faut-il prendre des précautions particulières ? "Les enfants peuvent sortir, c'est inutile de se précipiter dans les pharmacies pour demander des comprimés d'iode, on peut consommer l'eau", a affirmé Patrick Gourmelon, directeur de la radioprotection à l'IRSN. Même son de cloche à l’ASN, où l’un des commissaires a expliqué que même "les personnes souffrant de la thyroïde n’ont pas à s’inquiéter". Aucune recommandation particulière même en cas de pluie. "La présence de pluies peut augmenter les dépôts consécutifs au passage des masses d’air en provenance du Japon. Cependant, même en présence de pluies, les retombées seront très faibles en France et ne nécessitent pas de précautions particulières", a ajouté l’ISRN. Enfin, note l’institut, aucune contamination des nappes phréatiques n’est attendue en France.

La vigilance reste de mise

L’iode peut-il servir à quelque chose ? Dans une lettre adressée à l'Ordre national des médecins, l'ASN a certifié "qu'il n'y a pas lieu de prescrire de l'iode stable, totalement inutile" et que "la concentration radioactive de l'atmosphère de l'hémisphère Nord est extrêmement faible du fait de la dilution". L’IRSN a également rappelé que "la prise d’iode stable doit se faire uniquement sur ordre du Préfet et qu’il est dangereux d’ingérer des comprimés d’iode stable lorsque la situation ne l’exige pas".

Même si le risque semble minime, la vigilance demeure. L’IRSN a indiqué que les eaux de pluie font désormais l’objet de mesures. La Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) a promis de réaliser des analyses détaillées sur les rejets de radioactivité dans l’air en France pour fournir des données précises. Et une carte de surveillance officielle, permettant de détecter instantanément l'augmentation de la radioactivité dans l'air, est consultable sur le site internet de l'IRSN.