RER D : "j'ai donné des coups de couteau"

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Thierry Devé-Oglou est le tueur présumé d’Anne-Lorraine Schmitt, retrouvée morte en 2007.

La famille Schmitt est arrivée en rangs serrés au tribunal de Pontoise, lundi, sans faire de déclaration aux nombreux journalistes présents. Dans la salle d'audience, les membres de la famille, partie civile, font face à l'accusé, Thierry Devé-Oglou. Cet homme de 47 ans est accusé du meurtre de l'étudiante Anne-Lorraine Schmitt, 23 ans, tuée de 34 coups de couteau dans le RER D lors d'une tentative de viol le 25 novembre 2007. Son procès s'est ouvert lundi aux assises de Pontoise.

Une ambiance pesante

Thierry Devé-Oglou, pull et pantalon beige, bouc et moustache poivre et sel, s'adresse à la cour en regardant par terre. Il raconte lentement, entrecoupant ses phrases de silences, avoir eu "un flash". "J'avais envie de lui demander de faire l'amour (...) Elle s'est mise à crier (...) j'ai donné des coups de couteau", raconte-il d'une voix à peine audible.

Il décrit alors une scène ou Anne-Lorraine "s'est débattue", il la "repousse" et "donne des coups de couteau". Les témoins racontent en effet l'horreur "inimaginable" de la scène de crime. "Il y a avait des traces de sang dans tout le wagon, du début à la fin", se souvient Caroline Rohart, sapeur-pompier intervenue sur les lieux. "Les blessures allaient de la tête aux pieds", décrit-elle, "on voyait qu'elle a lutté, elle a chuté, elle s'est relevée, s'est appuyée sur une vitre, est repartie..."

La famille Schmitt assiste stoïque à la diffusion des photos de la scène de crime, écoute les commentaires de l'officier de police. "Je décide de rester, ne serait-ce pour mettre mal à l'aise la défense", réagit le colonel Philippe Schmitt. Ce procès "confirme la violence inouïe dont ce type est capable !", a déclaré plus tard le père d'Anne-Lorraine. "Plus personne ne se posera de question sur sa dangerosité", a-t-il ajouté.

"Mon défaut, c'est d'être timide"

Sur lui-même, Thierry Devé-Oglou ne dit pas grand chose. "Mon défaut, c'est d'être timide", lance-t-il en jetant de brefs regards au jury. Sa mère, Annie, âgée de 79 ans, n'a pas davantage éclairé la cour lors de son témoignage. La petite dame frêle aux cheveux blancs a d'abord tenu "à présenter (ses) condoléances et (ses) regrets à la famille de cette jeune fille". Elle a ensuite décrit "un fils très gentil". "Je ne peux pas en dire du mal malgré ce qui s'est passé", explique cette maman qui n'a jamais rien refusé à son fils qui vivait chez ses parents.

Son frère Philippe, 43 ans, ne comprend pas non plus. "C'est dur d'apprendre que son frère a fait ça", explique-t-il décrivant une famille "abasourdie". Thierry Devé-Oglou écoute, les bras croisé, secouant frénétiquement sa jambe droite.

L’homme a déjà été condamné en février 1996 par la cour d'assises de l'Oise à cinq ans de prison, dont deux avec sursis, pour un viol commis en janvier 1995 dans un RER sous la menace d'un couteau. Il avait été remis en liberté en février 1997.