Quand les caméras filment la justice

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Aurélie Frex , modifié à
Une série documentaire sur le quotidien des tribunaux débute dimanche. Un évènement rare.

A partir de dimanche, Planète Justice, chaîne payante du groupe Canal Plus, diffuse le documentaire En direct du tribunal. Une série de quinze sujets de 52 minutes réalisés par Samuel Luret et Benoît Grimont en prime-time, et qui propose de s’introduire dans le quotidien des tribunaux.

Trois caméras ont été utilisées pour filmer les audiences des tribunaux correctionnels d’Avignon, de Melun, de Rennes, de Créteil et de Rochefort. Les propos sont retransmis à l’identique, et sans commentaire. Un document très rare, car l’enregistrement des audiences est particulièrement encadré en France.

Interdit depuis 1954

Depuis 1954, l’enregistrement de procès est interdit, au nom de "la sérénité et de la dignité des débats judiciaires". Mais la loi Badinter, en 1985, a autorisé l’enregistrement d’audiences "présentant un intérêt pour la constitution d’archives historiques de la justice". Ainsi ont pu être filmés les procès de Klaus Barbie, en 1987, de Paul Touvier en 1994 et de Maurice Papon en 1998. Plus récemment, le procès de l’explosion de l’usine AZF a été filmé, pour les mêmes raisons.

Des autorisations au cas par cas

La Chancellerie étant favorable à la diffusion de documentaires "à des fins pédagogiques", des autorisations exceptionnelles sont parfois accordées, en dehors de ces procès à portée historique.

C’est dans ce cadre que En direct du tribunal a pu être réalisé. Ce type d’exception a également permis à Benoît Gadrey de filmer pour France 2 le procès aux Assises de Jean-Marie Garcia, qui avait tué un homme en mars 2006. Cinq sujets ont été diffusés pendant une semaine, dans le 13h de France 2, en mars 2009.

Autre exemple, le documentaire Profession avocat, diffusé en 2004 sur France 5. Pendant plusieurs mois, Joëlle et Michèle Loncol avaient été autorisées à filmer le quotidien d'avocats, de leurs bureaux à leurs plaidoiries.

L’un des documentaires les plus célèbres ayant montré des procès est La 10e chambre, sorti au cinéma en 2004. Son réalisateur, Raymond Depardon, avait posé sa caméra pendant trois mois au tribunal correctionnel de Paris.

Regardez un extrait :

Passer par la fiction

Le peu de marge laissé aux caméras dans la justice française contraint certains réalisateurs à passer par la fiction. Jean-Xavier de Lestrade a récemment dû recourir au docu-fiction pour rendre compte du procès de Véronique Courjault, condamnée pour infanticide dans l’affaire dite des "bébés congelés". Confronté à un refus d’enregistrer les audiences, il les a faites rejouer à l’identique par des acteurs.