Quand l’IGS enquête sur l’IGS

Interrogé par l'IGS, un ancien policer avait porté plainte pour violence. L'enquête a été confiée à l'IGS, qui a classé la plainte.
Interrogé par l'IGS, un ancien policer avait porté plainte pour violence. L'enquête a été confiée à l'IGS, qui a classé la plainte. © MAX PPP
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et Pierre de Cossette , modifié à
- La police des polices enquête sur un policer de l’IGS accusé de violences.

Qui contrôle la police des polices ? La question a été soulevée récemment par l’affaire du trucage présumé d’une enquête sur un trafic de titres de séjours. Elle devient plus pressante encore. Car l’un des  cinq fonctionnaires de la préfecture de police de Paris mis en cause par l'IGS puis blanchis avait porté plainte  pour violences volontaires par l'IGS. Or, c’est… l’IGS qui a été désignée pour instruire la plainte.

Violences et humiliation

Sa garde à vue dans les locaux de l’IGS, l’ancien officier de sécurité de Daniel Vaillant en garde un très mauvais souvenir. Qu’il ait été entendu par un simple brigadier, ce qui est contraire à la coutume concernant un commandant de police, en outre membre du prestigieux Service de protection des hautes personnalités, avait déjà été une désagréable surprise. Mais la suite des événements fut autrement pire, selon lui. L’homme a fait état d’actes d’humiliation et de violence, comme cet examen médical oublié alors qu’il souffre d’un cancer de l’oeil.

L’homme ne tarde pas à porter plainte. Mais celle-ci est classée sans suite. Et pour cause. La commissaire qui va entendre le brigadier mis en cause a en effet travaillé avec lui sur la fameuse affaire de trafic de papiers. L’ancien policier ne sera même pas entendu.

"C’est absurde"

"On marche sur la tête", fulmine son avocat David Lépidi, reçu par Europe 1. "Comment la police des polices peut-elle enquêter sur elle-même, sans qu’il y ait une suspicion légitime sur la façon dont sont menées les investigations ? Cela crée une défiance vis-à-vis de l’enquête elle-même. Et bien entendu, une décision de classement est inévitable. Comment le parquet a-t-il pu donner une enquête au service enquêteur accusé. C’est absurde", assène-t-il.

Pour l’avocat, le procureur aurait dû désigner les gendarmes, voire demander à un juge d’instruction. Quant à d’autres cas où la police des polices enquête sur elle-même, Me Lépidi a cherché, et n’a trouvé qu’un précédent en Europe : la Géorgie, condamnée par la Cour européenne des Droits de l’homme.