Prostitution : les clients sanctionnés ?

La proposition de loi étudiée par les députés vise à sanctionner les clients des prostituées.
La proposition de loi étudiée par les députés vise à sanctionner les clients des prostituées. © Maxppp
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Thomas Morel et Eve Roger , modifié à
Un groupe de députés bataillent pour instaurer une amende, voire une peine de prison.

L'info. Faire reculer, voire disparaitre, la prostitution. C'est l'objectif avoué d'un petit groupe de députés de l'Assemblée nationale, emmenés par la députée PS de l'Essonne Maud Olivier, qui doit déposer mardi une proposition de loi pour lutter contre la prostitution en France, proposition qu'Europe 1 a pu consulter. Avec un objectif : faire voter un texte réellement contraignant avant la fin de l'année, afin de se débarrasser de cette pratique.

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Les clients poursuivis. C'est la principale nouveauté de ce projet de loi. Les clients de prostituées, qui jusqu'à présent n'étaient pas inquiétés par la justice, pourraient désormais être poursuivis. Car à l'heure actuelle, avoir recours aux services d'une prostituée n'est pas sanctionnable au regard de la loi. Reste toutefois à définir le niveau de la sanction : les auteurs de la proposition de loi, qui doivent se réunir mardi pour rendre les derniers arbitrages, hésitent encore entre une simple contravention, une amende, voire même une peine de prison si le fait d'avoir un acte sexuel tarifé devenait un délit.

Plus de racolage ? C'est l'autre piste de cette proposition. Si le coupable n'est plus la prostituée mais le client, alors la première deviendrait une victime aux yeux de la justice. Et si elle est victime, alors le délit de racolage, actif ou passif, n'a plus de raison d'être. Finies donc les poursuites pour les femmes qui alpaguent les clients dans la rue, ou qui attendent d'être appelées.

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Lutte contre les réseaux. Par ailleurs, la proposition des parlementaires vise à s'attaquer aux grands réseaux de prostitution. Selon un récent rapport, 80 % des prostituées de France seraient en effet d'origine étrangère, principalement d'Europe de l'Est, d'Afrique et de Chine. Le texte envisage donc de renforcer la lutte contre ces filières afin de réduire le nombre de femmes exploitées en France.

Réinsertion sociale. Enfin, pour assécher le "marché" de la prostitution, les députés veulent améliorer les moyens donnés à l'accompagnement des prostituées, comme par exemple l'aide à la réinsertion sociale, ou les titres de séjour pour les femmes d'origines étrangère qui accepteraient de quitter le métier.

Une proposition "inadmissible" ? Le texte étudié par les parlementaires est cependant loin de faire l'unanimité. Jointe vendredi par Europe 1, la philosophe Elizabeth Badinter s'est montrée très critique. "Je suis accablée", a-t-elle déclaré. "Je trouve inadmissible cette idée de punir des hommes qui voudraient avoir une relation tarifée avec des femmes volontaires. Cette idée très protestante qui nous vient des pays du Nord, reprise par les féministes américaines, excusez-moi mais ce n'est pas mon féminisme.", a-t-elle encore ajouté.