Procès en révision : Azzimani et El Jabri acquittés

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Marc-Antoine Bindler avec AFP , modifié à
JUSTICE - Les deux hommes, condamnés en 2004 pour le meurtre d'un dealer, ont été acquittés jeudi à Nîmes.

Acquittés. Abdelkader Azzimani et Abdelrrahim El Jabri, dont la condamnation à 20 ans de réclusion en 2004 pour le meurtre d'un jeune dealer à Lunel, dans l'Hérault, avait été annulée par la cour de révision en mai 2013, ont été acquittés par la cour d'assises du Gard jeudi à Nîmes à l'issue de leur procès en révision. Dans son arrêt, la cour d'assises a estimé que les éléments à charge étaient insuffisants pour les placer comme auteurs ou complices de ce meurtre. Azzimani, 49 ans, et El Jabri, 48 ans, qui ont toujours clamé leur innocence, sont les neuvième et dixième condamnés à obtenir un acquittement depuis 1945 au terme d'une procédure en révision.

Une indemnisation possible. Azzimani et El Jabri ont passé 12 et 13 ans derrière les barreaux. Ils ont obtenu l'annulation du verdict de la cour d'assises de Perpignan de juin 2004 après le revirement d'un témoin et la mise en cause d'un nouveau suspect lors d'une expertise ADN. Ils disposent de six mois pour entamer une procédure en indemnisation.

"S'appuyer sur des preuves". Jeudi, l'avocat général Didier Durand a indiqué qu'il "ne soutenait pas l'accusation" contre les deux hommes reconnus coupables de complicité du meurtre de d'Abdelazziz Jhillal, dit Azzouz, tué le 21 décembre 1997 de 112 coups de couteau, sur fond de trafic de 5 kg de résine de cannabis. "Le ministère public a une impression. Il a une intime conviction. Mais il doit s'appuyer sur des preuves. La conscience de ma fonction m'interdit de soutenir l'accusation dès lors que les éléments ne permettent pas de prouver leur culpabilité", a-t-il expliqué, sans toutefois jamais prononcer le mot acquittement.

"Vous allez rendre leur innocence". "Cette cour de révision est-elle suffisante ? Doivent-ils se pendre en place publique pour se faire entendre", a interrogé Me Luc Abratkiewicz. "Vous avez le choix entre une erreur judiciaire ou un crime judiciaire", a-t-il poursuivi, reconnaissant que s'ils ont été de "parfaits coupables" ils ne seront pas de "parfaits innocents". "Vous allez rendre la justice. Vous allez rendre leur innocence et vous allez les acquitter", a presque supplié Me Jean-Marc Darrigade qui s'est adressé à chaque juré après avoir démonté point par point le dossier et parlé de "miracle" pour obtenir un nouveau procès. "Quand on lui pipe les dés, la justice, elle se trompe", a-t-il déploré.

"Nous sommes innocents, je vous le jure". "Je vous demande de nous aider et de nous acquitter", avait dit El Jabri, en larmes tandis qu'Azzimani avait presque hurlé "nous sommes innocents, je vous le jure" avant que le jury ne se retire pour délibérer pendant un peu plus de quatre heures et demi.

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