Procès Viguier : un aveu troublant

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avec Fabienne Le Moal , modifié à
L'enquête porte sur une "subornation de témoin", après l'aveu de la baby-sitter des Viguier.

L’aveu est venu de la bouche de Séverine Lacoste, la baby-sitter des enfants des époux Viguier, en larmes, mardi, à la barre de la cour d’assises d'appel du Tarn. Elle a reconnu qu’elle ne s’était pas rendue seule au domicile des Viguier, au lendemain de la disparition de Suzanne Viguier. A ses côtés, se trouvait l’amant de la victime, Olivier Durandet.

Jacques Viguier, le mari de la victime dont le corps n’a jamais été retrouvé, est jugé en appel depuis le 1er mars dernier à Albi. Depuis le début de l’affaire, il clame son innocence. Ses avocats espèrent que ce second procès sera l’occasion de montrer que l’enquête n’a été poussée que dans une direction, celle du mari, influencée notamment par les déclarations d'Olivier Durandet, l'amant de Suzanne Viguier.

Dix ans de mensonge

Séverine Lacoste avait déjà attendu six mois pour confier aux enquêteurs s’être rendue dans la maison des Viguier et y "avoir vu comme des traces de sang mélangé dans la baignoire". Et pourquoi n’avoir pas indiqué dans la foulée qu’Olivier Durandet l’accompagnait ? "Parce qu'il me l'a demandé (…) Olivier avait peur qu'on puisse dire qu'il avait amené des choses", a été contrainte de confier mardi Séverine Lacoste, poussée dans ses retranchements par la défense après dix ans de mensonge.

Me Jacques Lévy, l’un des avocats de Jacques Viguier, le mari de Suzanne, unique accusé, a assuré que "ce qui [venait] de se passer [était] extrêmement important" pour son client. Pour Me Francis Szpiner, l'avocat des parties civiles, l’aveu de Séverine Lacoste peut être "raisonnablement appelé un coup de théâtre".

Deux gardes à vue à la fin de l'audience

A l'issue de l'audience, Séverine Lacoste a été placée en garde à vue pour être interrogée sur son "faux témoignage". Quelques heures plus tard, dans le cadre d'une enquête pour subornation de témoins, Olivier Durandet a été interpellé à son domicile puis placé en garde à vue à son tour. Il en sont sortis tous les deux mardi soir. Selon le procureur de la République, interrogé sur i>Télé, Olivier Durandet et Séverine Lacoste ont confirmé pendant leur retenue qu'ils s'étaient "rencontrés à plusieurs reprises la semaine dernière" pour se mettre d'accord sur une version commune.

L'aveu de Séverine Lacoste est loin d’être suffisant pour attester qu’Olivier Durandet a eu un rôle dans la disparition de Suzanne Viguier. "Il est rentré mais il est resté avec moi", a d’ailleurs assuré Séverine Lacoste. Mais cet aveu vient semer un peu plus le trouble. Lundi déjà, des écoutes téléphoniques avaient prouvé qu’Olivier Durandet avait tenté d’influencer des proches avant qu'ils ne soient interrogés par la police.