Prévost-Desprez déchargée du Mediator

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et Fabienne Le Moal avec Baptiste Cordier , modifié à
La juge, citée dans le livre Sarko m'a tuer, sera bien auditionnée. Mais à une date ultérieure.

Le retrait provisoire de la juge Isabelle Prévost-Desprez du dossier Mediator ne constitue ni une sanction ni un dessaisissement de la magistrate, a affirmé mardi midi sur Europe 1 le président du tribunal de Nanterre Jean-Michel Hayat, qui la remplacera. "Il ne s’agit pas d’un dessaisissement [comme cela avait été dit plus tôt ndlr] mais d’un départ de Mme Prévost-Desprez, c'est-à-dire le fait de s’abstenir pour une audience de procédure afin que le calme revienne dans les esprits", a-t-il expliqué.

Isabelle Prévost-Desprez devait commencer à juger le dossier Mediator le 26 septembre. Elle ne présidera donc pas les prochaines audiences.

Une convocation reportée

Le journal Le Monde affirmait pourtant mardi matin que la juge Isabelle Prévost-Desprez avait été déchargée du dossier du Mediator, une manière pour sa hiérarchie de la sanctionner, suite à ses déclarations dans le livre Sarko m’a tuer . Dans cet ouvrage, elle évoque des remises d'argent par Liliane Bettencourt à Nicolas Sarkozy en 2007, alors qu'il était candidat à la présidentielle. La juge Prévost-Desprez s'appuie sur les témoignages, hors procès-verbal, d'au moins deux personnes proches de la famille Bettencourt. Des propos démentis depuis par les principaux intéressés.

Isabelle Prévost-Desprez devrait d’ailleurs être auditionnée à Bordeaux, comme témoinpar le juge d'instruction Jean-Michel Gentil, à propos de ses déclarations dans Sarko m’a tuer. Mais la convocation, d'abord annoncée pour mercredi, a été "annulée" mardi en milieu d'après-midi. La juge sera convoquée "ultérieurement", a indiqué le Parquet.

"Quelque chose de légitime"

Pour Christophe Régnard, président de l'Union syndicale de la magistrature, "ce n'est pas du tout un dessaisissement, mais plus un accord entre le président du tribunal et la juge, afin qu'il n'y ait pas un cirque pour protéger les victimes", "ça ne veut pas dire qu'à l'avenir elle sera dessaisie définitivement", a-t-il précisé au micro d'Europe 1. Il s'agit de "quelque chose de légitime, auquel elle s'attendait". L'USM s'était déjà élevée, par avance, contre une éventuelle enquête disciplinaire contre la juge, susceptible d'être mise en cause pour violation du secret professionnel et atteinte au devoir de réserve.