Pluies : le ras-le-bol des sinistrés

Après avoir vécu leur deuxième crue en deux ans, des habitants du Var expriment leur colère.
Après avoir vécu leur deuxième crue en deux ans, des habitants du Var expriment leur colère. © Max PPP
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avec Brigitte Rénaldi , modifié à
Déjà frappés en juin 2010, ils accusent les pouvoirs publics de n’avoir rien fait depuis.

C’est le temps du bilan dans les zones frappées par de violentes intempéries ce week-end. Mardi, seul le Var reste placé en vigilance orange. Dans ce dernier département, déjà durement frappé en juin 2010, les dernières pluies diluviennes ont fait déborder la colère des sinistrés, touchés deux fois en deux ans. Notamment à Fréjus et Roquebrune-sur-Argens, communes les plus touchées.

Il a fallu attendre que le choc passe pour que les sinistrés expriment cette colère. Car l’eau qui stagne, qui ne s’écoule pas, cela ne doit rien à la fatalité, contrairement à celle qui tombe du ciel. "On le voit là, juste à côté de nous, il y a des arbres qui poussent dans les caniveaux, il y a des bidons, donc l’eau ne peut pas circuler", décrit un habitant de Roquebrune-sur-Argens. "On n’a pas vu une société depuis un an et demi venir avec un tractopelle pour nettoyer les fossés", déplore-t-il.

"Pas de cellule de crise pour les grenouilles"

La colère est partagée par les entrepreneurs, à qui on avait promis des bassins de rétention, mais qui ne voient rien venir. Enfin, les élus, qui n’ont pas toujours le pouvoir de nettoyer les cours d’eau sont également furieux, notamment contre les écologistes. "Je n’ai pas l’intention de faire une cellule de crise pour les grenouilles", s’emporte Luc Jousse, maire de Roquebrune-sur-Argens. "On fait des cellules de crise pour des personnes et des biens. Il faut qu’on nous permette de nettoyer les cours d’eau, même si dedans il y a quelques chauve-souris. A chaque fois qu’une municipalité nettoie une rivière, systématiquement on se retrouve traînés devant les tribunaux, traînés devant la police des eaux."

Alors chacun rejette la faute sur son voisin. La première crue, celle de 2010, avait surpris. La deuxième est certes moins forte, moins inattendue, mais les victimes veulent tout de même des responsables. Le ton commence à monter, d’autant plus que les assureurs ont, eux, bien les pieds sur terre. Certains menacent déjà de ne pas renouveler les contrats. Alors pour calmer le jeu, Frédéric Lefebvre, le secrétaire d’Etat au Commerce, qui s’est rendu sur place lundi, a promis que les zones sinistrées seraient bien classées en catastrophe naturelle.