Nucléaire : le PS défend la filière MOX

Areva a indiqué à l'AFP ne pas vouloir communiquer le nom de ses interlocuteurs.
Areva a indiqué à l'AFP ne pas vouloir communiquer le nom de ses interlocuteurs. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Les socialistes rassurent là Areva, qui avait fait part de ses craintes. Au risque de fâcher EELV.

L'accord PS-EELV n'en finit plus de faire des remous. Après l'UMP exhortant François Hollande à cesser les négociations sur le nucléaire, Areva a indiqué mercredi à l'AFP être directement intervenue auprès du PS mercredi. Le fleuron du nucléaire français souhaitait avertir le PS "de conséquences graves" qu'entraînerait l'arrêt du retraitement et de la filière du combustible MOX, prévus initialement puis retirés de l'accord entre les deux formations de gauche.

Conséquence: Manuel Valls a rapidement réagi pour rassurer le géant du nucléaire. "Nous poursuivrons l'activité de production de combustible et de retraitement, et il nous faut bien évidemment garder la filière Mox", a déclaré directeur de la communication de François Hollande dans les couloirs de l'Assemblée nationale. Le candidat socialiste a lui-même confirmé dans la soirée. "Bien sûr que nous allons continuer à en fabriquer, c'est le combustible qui sert à une vingtaine de réacteurs", a argué François Hollande sur France 2.

 14.000 emplois en jeu ?

Ce dossier intéresse de près Areva. Le MOX, combustible "recyclé", est en effet utilisé dans des centrales et donc par Areva. La direction des affaires publiques d'Areva a donc appelé mercredi le responsable socialiste Bernard Cazeneuve, député-maire de Cherbourg près de la Hague, et porte-parole du candidat François Hollande. Objectif : lui faire part "des conséquences économiques, sociales, industrielles, environnementales très graves, qui conduiraient aussi à la disparition du leadership de la France dans le nucléaire civil", a indiqué une porte-parole d'Areva.

Près de 5.000 personnes travaillent sur le site de La Hague et quelque 1.300 dans l'usine Melox qui produit le combustible recyclé Mox à Marcoule, dans le Gard. Areva estime que 14.000 emplois dépendent au total de ces sites, dont 10.000 dans le Cotentin.

Quand EELV craignait le lobby nucléaire

Rapidement, Europe Ecologie-Les Verts a fait part de son mécontentement. "Si le PS, sous la pression d'Areva et du lobby nucléaire, décide de changer d'avis, cela va changer la donne pour nous et on ne peut pas construire l'avenir et une pacte majoritaire avec des gens qui renient leur parole", a réagi mercredi Noël Mamère.

Un passage concernant l'abandon du retraitement nucléaire en France, concernant donc le MOX, a été gommé du texte validé mardi soir par le bureau national du PS alors qu'il était présent dans l'accord signé entre Martine Aubry et Cécile Duflot. Ce retrait est "provisoire", a dit le responsable socialiste Benoît Hamon mercredi.

Cécile Duflot se montrait rassuré en fin d'après-midi. "J'ai vérifié auprès de Martine Aubry et de Michel Sapin, chargé du projet présidentiel dans l'équipe de François Hollande, ndlr) que le texte d'accord est bien celui acté à l'issue de la négociation" avec le PS, incluant le paragraphe sur la reconversion de la filière Mox. "C'est cet accord qui sera présenté au Conseil fédéral d'EELV samedi et qui sera signé" avec le PS si les délégués d'EELV l'approuvent, a-t-elle souligné.