Ni Putes Ni Soumises change de tête

Son père est un cinéaste engagé à gauche et sa mère était une militante du Rassemblement algérien des femmes démocrates qui luttait pour l'abolition du code de la famille, inspiré de la loi coranique.
Son père est un cinéaste engagé à gauche et sa mère était une militante du Rassemblement algérien des femmes démocrates qui luttait pour l'abolition du code de la famille, inspiré de la loi coranique. © CAPTURE ECRAN DAILYMOTION
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avec AFP , modifié à
Asma Guenifi, militante anti-intégriste a été élue présidente de la très influente association.

Fortement contestée en interne, Siham Habchi avait choisi de ne pas se représenter après un mandat de quatre ans. C'est donc Asma Guenifi, secrétaire générale de Ni Putes Ni Soumises (NPNS), qui a été élue dimanche présidente de l'association réunie en congrès à Dourdan, dans l'Essonne. Asma Guenifi a obtenu 67 voix contre 30 pour sa concurrente Jamila Alla, présidente de NPNS Gironde-Aquitaine. Seuls les délégués votaient.

Séduire les banlieues

Asma Guenifi, est une militante anti-intégriste qui s'est jetée dans ce combat après l'assassinat de son frère en 1994 par des islamistes à Alger.

Arrivée en France après ce drame, elle crée l'association Hichem, du nom de son frère assassiné. Avec de "jeunes exilés", elle a parcouru l'Hexagone pour sensibiliser les Français aux dangers de l'intégrisme. Cette psychologue de 36 ans a également fondé l’Association des femmes euro-méditerranéennes contre les intégrismes (Afemci),

Mère de famille résidant à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, Asma Guenifi veut par ailleurs changer l'image de l'association auprès des habitants des quartiers populaires, où elle n'a pas bonne presse. "J'ai conscience de notre mauvaise réputation dans les banlieues, nous devons renouveler notre image et changer la façon de faire passer notre message auprès des jeunes des quartiers", confie-t-elle.

Possible changement d'appellation

La nouvelle présidente est même disposée à discuter d'un changement d'appellation de l'association, parfois difficile à porter dans les quartiers, voire dans les pays musulmans où le mouvement a tenté de s'implanter.

Asma Guenifi aura également la lourde tâche de donner un second souffle à l'association alors que Sihem Habchi, qui avait elle-même succédé à Fadela Amara 2007 a connu une fin de mandat difficile. En octobre, elle a affronté une grève de deux semaines de la quasi-totalité des salariés, critiquant son caractère et sa gestion.

Et l'année électorale qui approche constituera un moment clé pour l'association, très influente dans les médias et auprès des politiques. "C'est un moment très important, parce qu'on souhaite surtout parler du droit de vote des étrangers. C'est quelque chose qui nous tient à coeur, pour montrer que la France n'est pas dans l'exclusion d'une partie de la société", a-t-elle expliqué sur Europe 1 dimanche.

Ni Putes Ni Soumises été créé en 2003 après le meurtre de la jeune Sohane Benziane, brûlée vive dans la cave d'une cité de Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne par son "copain" jaloux. Le nom volontairement provocateur de l'association se voulait un "cri de colère" contre le machisme et les violences faites aux filles dans les quartiers populaires.