Nancy : l'ex-directeur de prison se défend

Stéphane Scotto est jugé pour le meurtre d'un détenu par son compagnon de cellule, alors qu'il dirigeait la maison d'arrêt de Nancy, en 2004.
Stéphane Scotto est jugé pour le meurtre d'un détenu par son compagnon de cellule, alors qu'il dirigeait la maison d'arrêt de Nancy, en 2004. © MAXPPP
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avec agences , modifié à
LA PHRASE - "Qu'est-ce que j'aurais pu faire de plus ?", a demandé Stéphane Scotto, jugé la mort d'un détenu.

L'actu. C'est un fonctionnaire excellemment noté qui est poursuivi devant le tribunal correctionnel de Nancy pour homicide involontaire. Stéphane Scotto, 42 ans, est jugé pour le meurtre d'un détenu par son compagnon de cellule, alors qu'il dirigeait la maison d'arrêt de Nancy, en 2004. Affable et sûr de lui à l'audience, il a réfuté toute faute. Le parquet a requis sa relaxe.

Le meurtre. Stéphane Scotto est poursuivi pour avoir manqué de "vigilance" quant à "l'équilibre de la cellule" où le drame s'était joué en août 2004, entre d'un côté un jeune emprisonné en attendant d'être jugé pour un trafic de drogue présumé, et de l'autre son compagnon de cellule, un homme considéré comme psychopathe, qui attendait sa comparution aux assises pour avoir torturé un codétenu, quatre ans plus tôt, dans le même établissement.

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"Qu'est-ce que j'aurais pu faire de plus ?" Devant les juges, Stéphane Scotto a longuement expliqué le fonctionnement de la prison Charles-III de Nancy à l'époque où il la dirigeait. "Depuis 9 ans, je me suis posé la question : qu'est-ce qu'on aurait, qu'est-ce que j'aurais pu faire de plus ? Je n'ai pas trouvé la réponse", a-t-il asséné au tribunal.

Un drame imprévisible. Le procureur contesté que la dangerosité de Sébastien S., accusé à l'époque d'avoir torturé un codétenu, suffisait à prédire l'homicide à venir. Une ligne de défense adoptée par Stéphane Scotto. "La violence de Sébastien S. ne devient une vérité judiciaire qu'en septembre 2004", quand ce caïd, âgé de 28 ans à l'époque, sera jugé pour les faits qui lui valaient cette incarcération, a estimé le directeur.

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De multiples critères à prendre en compte. Le directeur de la prison a invoqué la présomption d'innocence pour justifier de n'avoir pas mis ce détenu dangereux à l'isolement. "On est dans un perpétuel tâtonnement", a ajouté le fonctionnaire, évoquant les nombreux critères à prendre en compte pour apparier les détenus dans un établissement vétuste qui ne compte aucune cellule individuelle hors les quartiers d'isolement et disciplinaire.  "Compatibilité des régimes alimentaires, des âges, des quartiers d'origine. Quand vous avez empilé les quinze critères, vous donnez la priorité à ce qui semble plausible", a-t-il dit. Il a par ailleurs rappelé qu'aucun texte officiel n'interdisait à l'époque d'enfermer ensemble un primo-délinquant et un récidiviste.

Stéphane Scotto encourt cinq ans d'emprisonnement. Le tribunal rendra son jugement le 30 septembre prochain.