Musulin : 5 ans de prison requis

Toni Musulin lors de son arrestation
Toni Musulin lors de son arrestation © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
L'ex convoyeur de fond, jugé en appel mardi, a affirmé ne pas savoir où était le butin manquant.

Où sont passés les 2,5 millions d'euros qui manquent au butin du détournement de fourgon de Toni Musulin ? L'ex convoyeur n'a pas livré le moindre indice, mardi à Lyon où il est jugé en appel, allant jusqu'à mettre en doute l'existence de cet argent. Le procureur a requis 5 ans de prison, une interdiction professionnelle et 45.000 euros d'amende.

"Je ne sais même pas s'ils existent"

"Je ne sais même pas s'ils existent, je ne les ai pas", a marmonné le plus célèbre convoyeur de France, condamné à trois ans de prison ferme en première instance. Toni Musulin a assuré qu'il n'avait "pas pris" l'argent toujours recherché par les enquêteurs. Il a expliqué, comme lors de son premier procès, qu'il n'avait pas déchargé l'intégralité de la somme dérobée parce que "ça tombait par terre" et qu'il ne pouvait "pas tout mettre" dans le Kangoo qu'il avait loué.

Pressé de questions sur le déroulement des heures ayant suivi le vol, il a maintenu que "des passants" avaient pu se servir soit dans le fourgon, abandonné dans la rue, soit dans le box loué par ses soins, avant de mettre directement en cause le propriétaire de ce box. "La personne qui peut dire s'il manque des sous, c'est Monsieur Saint-Martin", a lancé le prévenu, accusant le propriétaire du box d'avoir "été voir ce qu'il y avait dedans avant d'aller voir la police" et de disposer "de comptes dans les îles Caïman et dans les paradis fiscaux".

Musulin accusé de diffamation

Cité comme témoin par la défense, alors qu'il n'avait pas été entendu en première instance, Michel Saint-Martin ne s'est pas présenté à l'ouverture de l'audience et ne devrait donc pas s'exprimer devant la cour d'appel de Lyon mardi après-midi. Me Olivier Baratelli, représentant le propriétaire du box loué par Musulin, a demandé à être entendu à la fin des débats, alors que le jugement venait d'être mis en délibéré au 2 novembre, au motif que son client "avait été gravement mis en cause" lors de l'audition du convoyeur.

Après une longue suspension, l'audience a repris à 17h30 et la Cour a accepté d'examiner immédiatement cette requête, rejetant la demande de report présentée par la défense.
"C'est très grave de porter des accusations sur un homme au-dessus de tout soupçon, qui s'est précipité à la gendarmerie. Cette accusation n'est fondée sur rien", avait riposté dans ses réquisitions l'avocate générale, Jacqueline Dufournet. Mais Me Baratelli, qui a lui aussi souligné "la gravité des accusations pour ce père de huit enfants", a réclamé à la Cour d'appel "des actions judiciaires" à l'encontre du convoyeur "pour diffamation". D'après lui, les propos de Toni Musulin visant son client ne sont pas couverts par l'article du Code pénal protégeant les déclarations d'un prévenu à l'audience.

"Quand on m'embête, je mords"

L'air buté, Musulin n'a guère éclairci le programme de ses cinq jours de cavale, autre zone d'ombre du dossier, affirmant qu'il était "allé à droite à gauche" en Italie, alors que ses déclarations n'expliquent pas l'important kilométrage de sa moto. Il s'est montré plus véhément en évoquant les motivations de son geste, accusant une nouvelle fois son employeur, la société suédoise de transport de fonds Loomis, de l'avoir "volé" sur ses fiches de paie et de l'avoir privé de congés estivaux pendant dix ans. "Quand on me caresse, je suis gentil, et quand on m'embête, je mords", a marmonné l'ex-convoyeur.

Mais si Musulin a une nouvelle fois reconnu le vol, admettant même l'avoir prémédité, il a maintenu ses dénégations dans l'autre affaire examinée en appel, une "tentative d'escroquerie à l'assurance" liée à la déclaration du vol de sa Ferrari, pour laquelle il encourt cinq ans d'emprisonnement.

"C'est quoi ce bordel ?"

Faisant profil bas, sans aucune trace des railleries lancées le 12 mai devant le tribunal correctionnel de Lyon, le prévenu a néanmoins laissé éclater sa colère avant l'ouverture de l'audience. "C'est quoi ce bordel?", a-t-il lancé en voyant les nombreuses caméras guettant l'arrivée du "Robin des Bois" un temps salué sur le net. Il a alors fait demi-tour et donné un violent coup de pied dans une porte, en faisant sauter le panneau intérieur.